Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

"A la maison, le 14 juillet 1789"

"Si vous connaissez à fond mon coeur, il est certain que vous ressentez ma douleur " 12 juillet 1789

                                                

 

 

6 AVRIL 1789, de DRESDE , la nuit, à 11 h 3O ,

 

Chère petite épouse,

 

J'ai une foule de prières à t'adresser :

 

1°.  Je te prie de ne pas être triste.

2°. De faire attention à ta santé, et de ne pas te fier à l'air du Printemps

(Constance, enceinte du 5ème enfant, qui mourut à sa naissance)

3° De ne pas sortir à pied toute seule, et encore mieux de ne pas sortir du tout.

4° D'être totalement assuré de mon amour. Je ne t'ai pas encore écrit la moindre lettre sans avoir posé devant moi ton cher portrait.

5°. Je te demande de faire attention non seulement à ton et à mon honneur dans ta conduite mais également aux apparences. Ne sois pas fachée de cette demande, tu dois justement m'aimer encore plus du fait de mon attachement à l'honneur.

(Constance devait sûrement un peu flirter avec les autres hommes, sans aller plus loin (vu d'ailleurs son état). Mais ce passage de Mozart contredit surtout complètement qu'il était pour "le couple libre", loin s'en faut, et qu'il affichait la même attitude. Cette lettre et une autre (que je ne recopie pas) où il insiste encore plus lourdement sur le sujet n'auraient alors aucun sens);

 

Et ultimo, je te prie de me donner plus de détails dans tes lettres. J'aimerais savoir si mon beau-frère Hofer (l'époux de l'ainée des Weber, Josepha) est venu le lendemain de mon départ. Si les Lange te rendent parfois visite ? Si le portrait avance ? Comment tu vis ? Toutes choses qui m'intéressent naturellement...

Maintenant, porte toi bien, très chère, excellente, pense que chaque nuit avant d'aller au lit, je parle une bonne demi-heure à ton portrait, et fais de même à mon réveil...

 

(Certains ont jugé que certains passages des lettres de Mozart à sa femme , un peu coquines , faisaient de lui un véritable obsédé sexuel  !  ???  C'est tout à fait étonnant : Nous, ne ne voyons dans les passages de ces missives, qu'un homme très passionné, d'une rare tendresse, et capable de s'attacher profondément (voir assez exclusivement) à une femme, et ayant aussi une grande faculté à vivre les choses même sensuelles par l'imagination...)

 

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    PENDANT QUE  , UN PEU PLUS LOIN, LA FRANCE VIT LA PLUS GRANDE PERIODE DE SON HISTOIRE , WOLFGANG MOZART VIT LUI SES HEURES LES PLUS SOMBRES

 

 

A Johann Michael PUCHBERG, à Vienne,  le 12 Juillet 1789 ,

 

Très cher excellent ami et très honorable FR. !

 

Dieu, je suis dans une situation que je ne souhaite pas à mon pire ennemi et si vous, mon meilleur ami et Frère m'abandonnez, je suis perdu, hélas, et sans rien y pouvoir, ainsi que ma pauvre femme malade et mon enfant.

Déjà, lors de ma dernière visite, je voulais épancher mon coeur, mais je n'en ai pas eu le courage ! Et ne l'aurais toujours pas, ce n'est qu'en tremblant que j'ose le faire par écrit, car je sais que vous me connaissez, que vous êtes au courant de ma situation et tout à fait convaincu de mon innocence en ce qui concerne ma malheureuse et extrèmement triste situation.

(passage important qui semble démentir que Mozart avait alors des dettes de jeux ou une vie dissipée)

Mon Dieu ! Au lieu de vous remercier, je viens à vous avec de nouvelles prières ! Au lieu de vous rembourser, avec une nouvelle requête !

Si vous connaissez à fond mon coeur, il est certain que vous ressentez ma douleur...

Et je n'ai pas besoin de vous rappeler comme cette malheureuse maladie m'a freiné dans tous mes bénéfices  (Mozart fait-il seulement allusion à Constance ou y a t il autre chose ?)

Mais je dois vous dire que malgré ma situation misérable, je me suis tout de même décidé à donner des académies par souscription mais cela non plus ne me réussit pas.

(Ces académies n'eurent finalement pas lieu, le public de Vienne semblant de plus en plus tourner le dos à la musique de Mozart, ou à Mozart lui-même)

 

Le destin m'est malheureusement si néfaste, mais seulement à Vienne, que je ne peux rien gagner même si je le veux. J'ai fait circule une liste pendant 15 jours et il ne se trouve que le nom de van Swieten.

Il me semble maintenant (le 13) que ma petite femme se remet , je pourrais au moins travailler à nouveau si ce nouveau coup du sort ne venait s'y ajouter. Hier soir, elle m'a à nouveau affolé et désespéré, tant elle souffrait , et moi avec elle...

(selon Sophie Weber, qui était souvent là, Wolfgang se serait même un jour blessé avec un canif alors qu'il était au chevet de sa femme, tant il était impressionné par son état)...

 

Dans quelques mois, mon sort doit être également fixé dans l'affaire que vous savez (allusion à la FM ?); Vous ne risquez donc rien avec moi en me prêtant 5O0 FL.

Si vous voulez ou vous le pouvez , je vous propose de vous rembourser 10 Fl par mois, jusqu'à conclusion de mon affaire.  Ensuite, de vous rendre l'intégralité de la somme avec les intérêts que vous voudrez et de me déclarer mon débiteur tout au long de ma vie. Jamais je ne serais en mesure de vous remercier suffisamment de votre amitié.

Dieu merci, c'est fait, vous savez tout, maintenant. Ne m'en veuillez pas pour ma confiance et songez que sans votre aide, l'honneur , la paix et peut-être la vie de votre Frère et ami sont anéantis.

 

A la maison, le 14 juillet 1789,

Ah Dieu ! Je n'arrive pas à me décider à expédier cette lettre. Et pourtant, cela doit être !

Si je n'avais pas été atteint par ce mal, je n'aurais pas été si impudent avec mon meilleur ami ! Et pourtant, j'espère que vous me pardonnez, puisque vous connaissez le bon et le mauvais côté de ma situation...

Adieu !   Pardonnez-moi, pour l'amour de Dieu. Pardonnez-moi seulement...et - Adieu ! ....

 

 

Vienne, le 17 Juillet 1789 ,

Vous êtes sûrement fâché contre moi, puisque vous ne me donnez pas de réponse. Si je mets en regard mes requêtes, je reconnais que vous avez raison.Mais si je considère mes malheurs (dont je ne suis pas responsable) et votre amitié à mon égard, j'estime aussi mériter des excuses...

Comme je vous ai écrit dans ma dernière lettre, mon cher ami, tout ce que j'avais sur le coeur avec grande franchise, je ne pourrais que me répéter aujourd'hui..

Je vous implore, s'il vous est absolument impossible de me prêter une telle somme de me soutenir bien vite par tout ce que vous pourrez vous démunir.

Vous ne pouvez douter de ma loyauté, vous me connaissez trop bien. Vous ne pouvez douter de mes paroles , de ma conduite, car vous connaissez ma manière de vivre et mes agissements...

(passage que beaucoup de biographes ou cinéastes ont dû manquer...)

 

Si vous pouvez et voulez m'aider, je vous en remercierais comme mon sauveur même au-delà de la tombe,  sinon, au nom de Dieu, je vous implore de m'accorder un recours immédiat selon votre bon vouloir, ou encore un conseil ou une consolation...

A jamais votre serviteur très obligé .

 

PS :

Ma femme était hier à nouveau dans un état misérable. Aujourd'hui, Dieu merci, elle va un peu mieux, après la pose de sangsues. Que je suis malheureux ! Sans cesse entre l'angoisse et l'espoir.

 

NOTE DE PUCHBERG :

Le 17 juillet 1789 , le même jour, répondu et envoyé 150 F   (... )

 

 

 

Vienne, décembre 1789 ,

Très honorable ami et Frère !

Ne vous effrayez pas du contenu de cette lettre !

 Le mois prochain, la Direction me verse 200 Ducats pour mon opéra (Cosi fan tutte). Pouvez-vous ou voulez-vous me prêter 4OO FL jusqu'à cette date, vous sortirez alors votre ami d'une terrible gêne ?

Au nouvel an, je dois régler les pharmaciens et Docteurs (dont je n'ai plus besoin).

En particulier, nous nous sommes débarrassés de Hunczowsky de manière peu amicale (pour certaines raisons)

(Selon Christian JACQ , le docteur et FM Hunczowsky aurait accouché le 5ème enfant de Constance et serait responsable de sa mort, mais là encore il y a peut être bien des allusions à la FM et à la trahison de certains frères ? )

 

Je ne sais trop bien tout ce que je vous dois ! Au sujet des anciennes dettes, je vous prie de patienter encore un peu,  le remboursement est assuré, j'en réponds sur mon honneur.

Encore une fois, sortez-moi de cette situation fatale. Dès que je toucherai l'argent de l'Opéra, vous retrouverez avec certitude vos 4OO florins. (... )

Demain, le rendez-vous du soir ne pourra avoir lieu chez nous, j'ai trop de travail. Jeudi, je vous invite (mais vous seul) , à venir chez moi à 1O heures du matin, assister à ma petite répétition de l'opéra. Je n'y convie que vous et Joseph Haydn...

Je vous raconterai de vive voix les cabales de Saliéri, mais qui sont toutes tombées à l'eau.

Adieu.

A JAMAIS votre

ami et Fr. reconnaissant

W.A. Mozart,

 

Note de Puchberg:

Envoyé 3OO fl.

 

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Chapitre suivant :

Je suis maintenant tellement démuni...

 

 

 



20/03/2013

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