Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& "Ecrire des choses intelligentes donnent mal à la tête" Manheim. 1777.

 

 

 

 

    Dès leur arrivée  à  Mannheim,  Wolfgang et sa mère prennent contact avec les gens les plus influents de la ville,  notamment le violoniste et Maitre de Concert  Christian Cannabich,  qui deviendra l'ami et protecteur de Mozart.   

 

 

                                          

 

                                                                               Mannheim,  le 31 octobre 1777

 

 

 

"  Je suis allé aujourd'hui chez Mr Cannabich avec M. Danner.   Il a été extraordinairement aimable.  Je lui ai joué quelque chose sur son piano-forte, (qui est très bon), et nous sommes allés ensemble à la répétition.  J'ai cru ne pas pouvoir m'empêcher de rire lorsqu'on m'a présenté aux gens.  Quelques uns qui me connaissaient par  Renomé (le mot est écrit en français)  étaient polis et pleins de respect.  Mais d'autres qui ne savaient rien de moi, m'ont regardé avec des yeux ronds, de manière assez ridicule.  Ils pensent -parce que je suis petit et jeune-  que rien de grand et de mûr ne peut être en moi ;  mais ils en feront bientôt l'expérience....."

 

 

Il  signe  Joannes Christosomus Sigismundus  #  Wolfgang Gottlieb Mozart

et rajoute  :

 

# Aujourd'hui,  c'est ma fête  !  C'est mon nom de confirmation  !

Le 27  Janvier  c'est mon anniversaire.   

 

 

 

 

 

         Le même jour,  il envoie aussi une lettre à Maria Anna Thelka Mozart sa cousine d'Aubsbourg  (sans gros mot , pour l'instant)  :

 

 

               "C'est curieux  !  Je dois écrire quelque chose de sensé,  mais il ne me vient rien d'intelligent à l'esprit.  (....)  Maintenant , la place me manque pour écrire quelque chose d'encore plus intelligent, et écrire toujours des choses intelligentes donnent mal a la tête..."

 

 

            Aussi,  car avec elle au moins il peut un peu décompresser et chasser les maux de tête,  dès le 5 novembre,  il décide de ne lui écrire que des bêtises...  (A ce sujet,  comme il fait beaucoup de jeux de mots,  la plupart des choses qu'il écrit n'a pour nous aucun sens,  car elles sont en fait à peine traduisibles de l'allemand au français... D'autre part, je rejoins le camp des quelques biographes de Mozart qui ne pensent pas que la petite cousine ait été la maitresse de Wolfgang. Je ne vois rien de plus dans ces épitres parfois grivoises il est  vrai  que des plaisanteries,  voir des fantasmes, et désolée pour ceux (nombreux) qui voudraient à tout prix qu'il en soit autrement ,  je pense avoir raison...  )

 

 

 Maria Anna Thelka

 

 

 

 

 

 

 

Le 5 novembre 1777

  

 

            

               "  Ma chère petite  cousine lapine  !

 

 

 (...)  Vous écrivez que vous tiendrez la Promesse que vous m'avez faite avant mon départ d'Aubsbourg   (ici,  par exemple,  Mozart fait déjà un jeu de mots et écrit Verbrechen qui veut dire Crime à la place de Versprechen qui signifie Promesse)...

Vous écrivez par ailleurs, vous exprimez même,  vous découvrez,  vous laissez entendre, vous me faites savoir,  vous déclarez,  vous m'indiquez,  vous m'annoncez,  vous me donnez la nouvelle,  vous dévoilez clairement,  vous demandez,  vous convoitez,  vous souhaitez,  vous voulez ,  vous aimeriez,  vous exigez que je vous envoie mon portrait.  Et bien,  je vous l'enverrai certainement.  Oui,  par ma la foi,  je te chie sur le nez,  et ça te coule sur le menton...  Appropos,  avez- vous le spuni cuni fait  ?  - (Au vu de ce qui précède,  terme probablement en rapport avec la scatologie) --- Quoi  ?  ---  Est-ce que vous m'aimez toujours un peu  ?  Je le crois  !  Tant mieux,  mieux tant  !  Oui, c'est ainsi en ce monde,  l'un possède la bourse et l'autre l'argent.  Lequel préferez-vous ?  Moi, n'est-ce pas  ?  Je le crois  !  Maintenant,  c'est encore pire.  Appropos.

Ne voulez-vous pas retourner bientôt chez M.  Gold- schmid  ?

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Mais pour quoi faire  ?  Quoi ? Rien  !  Seulement pour y demander le spuni cunit fait, sinon rien d'autre.  Rien d'autre  ?  Bien,  bien, parfait.  Vivent tous les, les--- les .--- les---.  Comment dit-on  ?  -- Je vous souhaite maintenant une bonne nuit, pétez au lit que cela craque,  dormez bien ,  étirez le cul jusqu'à votre bouche, je m'en vais au lit dormir un peu....   Ah !  Mon cul me brûle comme du feu  !  Que signifie donc cela  ?  Peut-être une crotte veut-elle sortir  ? -- Oui, oui,  crotte,  je te connais,  je te vois,  je te sens-- et--qu'est-ce  ?  --  Est-ce possible  ? --  Dieux  !--  Oreille,  ne me trompes-tu pas  ? -- Non, non,  c'est bien ça--  quel son,  long et triste  !   (.....)  "

 

 

 

         Bref,  Wolfgang était en pleine forme....  Certains termes ne viennent d'ailleurs pas tout à fait de lui mais de sa propre mère,  qui les utilise aussi dans sa correspondance avec son époux  !   Il n'est pas impossible aussi  (avis personnel)  que sa fréquentation quotidienne des Cannabich les jours derniers l'ait beaucoup  inspiré,  car on apprendra plus tard que Madame Cannabich surtout était friande de ce genre de plaisanteries,  et cela pendant les diners du soir auxquels Mozart était invité.....

 

 

 

 

 

                ¨Pourtant,  tout n'est sûrement pas si gai  dans le  coeur du jeune homme,  quand il écrit peu après à son père ces mots troublants  :

 

 

 

 

 

"Papa chéri  !

Je ne peux écrire poétiquement,  je ne suis pas poète.  Je ne saurais manier les formules assez artistement pour qu'elles fassent jouer les ombres et les lumières,  je ne suis pas peintre.  Je ne peux non plus exprimer mes sentiments et mes pensées par des gestes et par la Pantomime,  je ne suis pas danseur.  Mais je le peux grâce aux sons, je suis Musikus. 

Je jouerai demain au piano, chez Cannabich, tout un compliment de fête et d'anniversaire en votre honneur.  Pour aujourd'hui,  je ne peux que vous souhaiter,  mon très cher Père,  tout ce que je vous souhaite tous les jours, matin et soir, santé,  longue vie et bonne humeur.  J'espère aussi que vous avez maintenant moins de soucis que lorsque j'étais encore à Salzbourg, car je dois avouer en avoir été l'unique cause.   On me traitait mal et je ne le méritais pas.  Vous avez naturellement compati  -- mais pas trop.

Voyez-vous,  c'est aussi la raison principale pour laquelle j'ai si vite quitté Salzbourg.  J'espère que mon voeu est accompli....."

 

 

 

 

            Toujours chercher à complaire à cet homme exigeant qu'était Léopold,  on comprendra que Wolfgang ait voulu se détendre en écrivant des bêtises (soulageantes) à sa petite  cousine ......

 

 

      Cela continuera tout au long de son séjour,  et il alternera les lettres sérieuses et pleines de compte-rendus obligatoires à son père et les lettres délirantes à sa cousine ...

 

     

 

 

Le 13 novembre,  Mozart  écrit ces mots qui ont fait le tour du monde  :  "

 

"Excusez ma vilaine écriture,  la plume est déjà vieille,  et il y a déjà vraiment près de 22 ans que je chie par le même trou,  qui n'est pourtant pas encore déchiré ! -et pourtant,  j'ai déjà tellement  chié -- et arraché  la crotte avec mes dents".....

 

   

    Quant aux lettres qu'il adresse à son père,  celui-ci est déçu, car il attendait mieux des prouesses de son fils  :  

 

 

 

                                                   

                                                                                    Salzbourg,  Le 2O novembre 1777

 

 

Mon très cher Fils !

 

Autant ta lettre du 8 m'avait laissé quelque espoir, autant ta lettre du 13 m'a contrarié...  C'est évident,  il aurait été préférable que tu obtiennes 15 louis d'or plutôt qu'une montre, même si elle est évaluée à 20 louis d'or , car pour voyager  on a besoin d'argent, c'est même indispensable... Pour l'amour du ciel,  vous devez absolument chercher à gagner de l'argent....  Je n'ai jamais eu le plaisir d'apprendre pourquoi vous avez cru bon de vous précipiter tout droit à Mannheim.  Sans doute sur les conseils insistants de diverses personnes qui croient tout mieux savoir...."

 

 

        Mais Léopold n'a pas encore tout vu,  car il se trouve que Wolfgang vient tout juste de rencontrer les Weber....  La fille Aloysia débute comme cantatrice,  elle est très jolie et elle a une voix d'ange.  Le père est pauvre,  il vient de faire de mauvaises affaires , et croule sous les dettes.  Alors le coeur de Mozart s'enflamme,  de  compassion et passion mélées,  et, alors qu'il ne parvient même pas lui-même à concrétiser ses projets,  il ne pensera plus qu''aux Weber,  parlant même de les "sauver"....

 

 

Le 22 novembre 1777, déjà,  sans oser vraiment tout avouer,  il écrit  :  " Je ne veux rien dire avant l'heure,  tout s'arrangera.  Peut-être pourrai-je vous annoncer dans ma prochaine lettre quelque chose de très bon pour moi,  ou quelque chose de très mauvais à vos yeux, mais de passable aux miens, ou encore quelque chose de passable pour vous, et de très bon, charmant et précieux pour moi   Cela ressemble assez à un oracle, n'est-ce pas  ?  C'est obscur,  mais compréhensible malgré tout."

 

 

     Léopold,  complètement agacé par ses propos , s'irrite de plus en plus dans ses courriers :  des pages et des pages de recommandations , de conseils de toutes sortes, qui apparemment ne servent à rien.  Il compte et recompte,  Ses lettres sont pleines de chiffres.   Tant pis,  tout d'un coup ,  Wolfgang n'a plus envie de lui répondre sérieusement (mal de tête  ?)  et le  26 novembre 1777,   il lui adresse carrément un post-scriptum déjanté où il se met de  A .......   Jusqu'à  Z    à adresser  "1000 compliments de nous 2-je dis de nous deux-  à tous nos bons amis et amies  ; en particulier en A  :  Adlgasser, Andretter et Arco, (comte).  B : M. Bullinger, Barisani et Berhandky.  C :  Czernin (comte)......... et ainsi de même jusqu'à  Z   !!!!!!

Et il conclut  :

Je ne peux d'intelligent rien aujourd'hui écrire, car je moi complètement hors de suis.  Que vapa ne m'en veuille pas, je ainsi aujourd'hui suis, je rien n'y peux.  Bienez-vous port.  Je bonne souhaite nuit.  Bien bormez.  Ecrirai plus prochainement j'intelligemment."  .................;

 

                              

             Bizarre,  ce n'est pas signé   :   TRAZOM    ! 

 

 Chapitre suivant  :  Je m'en suis totalement remis à la volonté divine

 

 

 

              

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             

 

 



13/09/2011

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