& Allegro vivace, Presto, Prestissimo - 1782-1785 -
Vienne, le 28 septembre 1782
A La Baronne von Waldstatten à Vienne
Au sujet du beau frac rouge qui me chatouille si douloureusement le coeur, je voudrais vous prier de me faire dire où on peut l'obtenir, et à quel prix ; cela, je l'avais totalement oublié car je n'ai considéré que sa beauté, et pas son prix. Un tel frac, il faut bien que je l'aie pour que cela vaille la peine d'y mettre les boutons dont mes pensées sont grosses depuis longtemps . Je les ai vus un jour sur le Kohlmarkt, alors que je choisissais des boutons pour un costume. Ils sont en nacre, sertis de quelques pierres blanches et avec au centre une belle pierre jaune..... Je voudrais avoir tout ce qu'il y a de plus bon, pur et beau ! D'où vient-il que ceux qui ne le peuvent pas donneraient tout pour de telles choses, et que ceux qui le peuvent ne le font pas ?.....
Note : Mozart a écrit une lettre à la Baronne von Waldsdatten que les imbéciles, et les obsédés sexuels, ont compris comme étant une déclaration. Or, cette lettre n'est rien d'autre d'un bout à l'autre qu'une plaisanterie, comme il les affectionnait tant ! Cette baronne aidait et hébergeait Constance. Plus tard, dans une lettre à Léopold (qui s'intéressait à la dame), Wolfgang le mettra en garde contre les moeurs légères de la baronne, avec même un peu de mépris ,?
Vienne, ce 28 décembre 1782
Mon très cher Père,
Je dois écrire en toute hâte car il est déjà 5 heures et demie et j'ai convié quelques personnes à 6 h ici pour faire une petite musique.. J'ai d'ailleurs tant à faire que je ne sais où donner de la tête. Toutes les matinées se passent en leçons, jusqu'à 2 heures. Puis nous déjeunons. Après le repas, je dois accorder une petite pause à mon estomac pour la digestion. Ce n'est que le soir que je peux écrire un peu et encore ce n'est pas sûr car je suis souvent invité à participer à des académies.
Il manque encore 2 concertos à ma souscription. Ils tiennent le juste milieu entre trop difficile et trop facile. Ils sont très brillants, agréables à l'oreille, naturels, sans tomber dans la platitude. Ici et là, seuls les connaisseurs y trouveront satisfaction, et les non connaisseurs seront contents sans savoir pourquoi....
Concertos pour piano N° 11 et 12
Vienne, ce 22 de janvier
La semaine dernière, j'ai organisé un bal dans mon appartement. Il va de soi que les chapeaux ont tous payé 2 florins. Nous avons commencé le soir à 6 heures et terminé à 7 heures. Quoi ? Une heure seulement ? Non, non, à 7 heures du matin.....
(QUE Mozart ait voulu alors un peu profité de la vie ne nous semble en rien extraordinaire, d'autant plus qu'il était en cela très poussé par la nature même de Constance, et qu'il voulait avant tout lui faire plaisir. Il n'y a vraiment aucun lieu de prétendre alors qu"il s'"est dissipé outre mesure dans une vie frivole et dispendieuse ).
Vienne, ce 15 février 1783
A Madame la Baronne von Waldstatten à Vienne
Très honorée Madame la baronne !
Je suis actuellement dans une belle situation !
M. v. Trattner et moi nous sommes récemment entendus pour obtenir une prolongation de 14 jours... J'étais tout à fait tranquille et espérais, si je ne pouvais pas moi-même payer ce terme, que quelqu'un me préterait cette summa ! M. Trattner me fait dire que cet homme ne veut absolument pas attendre et que si je ne paie d'ici demain, il portera plainte.... En ce moment, il m'est impossible de rembourser, même la moitié !
(Il semble bien que le compositeur ait eu avec les Trattner, ses logeurs, quelques problèmes d'argent... C'est ce qu'il se passa peut-être aussi plus tard, en septembre 1784, explication plus que logique à son départ, et non pas à une liaison secrète avec Thérésa, comme décidément beaucoup le voudraient, trouvant certainement la vie sentimentale de Mozart un peu terne ? Le fait qu'il ait là encore déménagé n'a rien d'extraordinaire, de toutes façons, puilqu'il déménageait sans arrêt !...)
Si j'avais pu imaginer que la souscription de mes concertos marcherait si lentement, j'aurais emprunté de l'argent sur une plus longue période !
Je prie votre Grâce , au nom du ciel, aidez-moi à ne pas perdre mon honneur et ma bonne réputation ! Ma pauvre petite femme est quelque peu indisposée et je ne peux donc pas l'abandonner, sinon je serais venu de moi-même de vive voix adresser ma requête à votre
Grâce.....
Vienne, ce 7 juin 1783
Mon très cher Père,
Dieu soit loué, je suis remis ! Ma maladie m'a toutefois laissé en souvenir un catarrhe. C'est gentil de sa part ! .........
(Nous ne saurons rien de plus sur cette maladie, les lettres précédentes de Mozart s'étant comme par hasard égarées... Constance semble bien avoir écarté tout ce qui pouvait nous en apprendre un peu plus sur le Mozart de cette période, au delà de l'image totalement superficielle que beaucoup ont de lui. )
Vienne, ce 18 de juin 1783
Mon très cher Père !
Félicitations, vous êtes grand-papa ! Hier matin, le 17 à 6 heures, ma chère femme a heureusement accouché d'un gros garçon, fort et rond comme une boule .....
Maintenant, contre ma volonté, et cependant avec mon accord, l'enfant a une nourrice ! Ma femme ne devait pas nourrir son enfant, c'était ma ferme résolution ! Mais mon enfant ne devait pas non plus avaler le lait d'une autre ! J'aurais préféré l'élever à l'eau, comme ma soeur et moi. Toutefois, la plupart des gens m'ont vivement prié de ne pas le faire pour la bonne raison que la plupart des enfants nourris à l'eau en meurent car les gens d'ici ne savent pas comment s'y prendre. Cela m'a donc incité à céder, car je ne voudrais pas qu'on put m'en faire reproche.....
Vienne, ce 21 de juin 1783
Je dois cette fois être bref et ne vous écrire que le strict nécessaire. J'ai en effet beaucoup à faire car un nouvel opéra italien va être représenté, dans laquelle pour la première fois 2 allemands vont se produire, à savoir ma belle-soeur la Lange et Adamberger, et je dois composer 2 airs pour la Langin et un Rondeau pour Adamberger....
(Opéra bouffe Il curioso Indiscreto de Pascale Anfossi)
Vienne, ce 12 de juillet 1783
(Mozart repousse sans arrêt son voyage prévu à Salzbourg)
Si vous voulez nommer duperie ce qui est un véritable obstacle, je ne peux vous en empêcher, on peut donner à tout un faux nom, lorsqu'on en a envie, mais est-ce correct ? Avez vous remarqué que je n'avais pas envie pas le désir de vous voir ? Sûrement pas !
Mais certainement que je n'ai aucune envie de voir Salsbourg ou l'archevêque.
J'espère qu'il n'est pas nécessaire de dire combien je me soucie peu de Salzbourg, et pas du tout de l'archevêque, et que j'emmerde l'un et l'autre......
Retour de Salzbourg où il se trouve avec Constance depuis fin juillet...
Vienne, ce 10 de décembre 1783
Nous sommes tous les deux bien tristes pour le pauvre gros et gras petit bonhomme...
(Le petit Raymund Léopold, que Mozart et Constance avaient confié à une nourrice à Vienne, était mort en leur absence depuis le 19 août 1782 et ils n'apprirent cela qu'à leur retour ! Quant à la lettre qui annonçait ce décès, et qui aurait donc pu nous en apprendre beaucoup plus, elle s'est encore perdue, décidément ...)
Vienne, Le 2O mars 1784
(ICI SUIT UNE LISTE IMPRESSIONNANTE DE PRINCES COMTES ET COMTESSES AMBASSADEUR BARONS ET MADAME DE...... 174 NOMS)
Voici la liste de tous mes souscripteurs pour mes concerts. J'ai à moi tout seul 30 abonnés de plus que Richter et Fisher réunis. La première académie du 17 s'est bien passée, la salle était bondée. Et le nouveau concerto que j'ai joué a remarquablement plu. Partout où l'on va, on entend des louanges de cette académie....
LIEN : Je pense qu'il s'agit là du Concerto N° 14 en mi bémol majeur K 449, (Mais certaines biographies pensent qu'il s'agirait plutôt du Concerto n° 15 ? Ou même du 16ème ?)....
Vienne, ce 10 d'avril 1784
Je vous en prie, ne soyez pas fâché de mon silence pendant si longtemps, mais vous savez combien j'ai eu à faire tous ces temps-ci. Grâce à mes 3 académies en souscription, je me suis fait grand honneur. J'ai composé 2 Grands Concertos, (concertos pour piano 15 et 16,) . Puis un quintette qui a reçu un accueil remarquable, pour ma part je le tiens pour la meilleure oeuvre que j'ai composée de ma vie. (Quintette pour piano et vents K 452 ; )
J'ai terminé également aujourd'hui un nouveau concerto pour Melle Ployer, et suis déjà à moitié habillé pour aller chez le Prince Kaunitz....
Concerto pour piano N° 17 dont le finale sera inspiré par un chant de son oiseau Star.
voir nos deux vidéos sur DAILYMOTION)
Vienne, ce 15 mai
Mon très cher Père,
J'ai confié aujourd'hui à la malle de poste la symphonie que j'ai écrite à Linz pour le vieux comte Thun, ainsi que 4 concertos . (N° 14, 15, 16 et 17).
Au sujet de la symphonie, je ne suis pas particulièrement pointilleux, mais pour les 4 concertos, je vous prie de les faire copier chez vous, à la maison, car on ne peut pas plus faire confiance aux copistes de Salzbourg qu'à ceux de Vienne. Comme en dehors de moi, personne n'a ces nouveaux concertos, en ce qui concerne ceux en si bémol majeur et en ré majeur, ils ne pourraient parvenir en des mains étrangères que par de telles tromperies. Pour ma part, je fais tout copier chez moi et en ma présence.....
Vienne, ce 26 mai 1784
Mozart raconte ses démélés avec sa femme de ménage qui se saoule, vomit plein son lit, et qui dit du mal de lui à sa mère....
Bon, certes, cette personne n'est pas des plus géniales, mais comment l'a t'il su ? Et bien : en ouvrant son courrier ! ....
Je ne recopie pas la lettre où il le raconte...
Ici, les lettres de Mozart s'interrompent brutalement. Comme on n'a pas non plus celles de Léopold depuis plusieurs années, on est dans le brouillard.... ?)
En fait , Nannerl venait de se marier, selon le goût de son père, et Léopold faisait suivre les lettres que Wolfgang lui adressait. Qu'en a t'elle fait ?
Il ne parlera donc que très peu de son fils dans ses lettres, et le fera toujours avec une certaine distance qui m'a fait froid dans le dos. Il ne l'appelle plus jamais par son prénom mais "ton frère"ou éventuellement "Mon fils". Quand Wolfgang est malade, il en parle avec un certain détachement ?
Le 14 Septembre 1784, Salzbourg
Mon fils a été très malade à Vienne pendant le nouvel opéra de Paisiello, il a transpercé de sueur tous ses vêtements et a dû tout d'abord chercher dans le froid le valet qui avait son pardessus... De ce fait, il a atrappé, comme bien d'autres une fièvre rhumatismale qui, si on n'y prend pas garde, dégénère en fièvre putride.
(les commentaires disent que c'était plutôt une infection bactérienne intestinale).
IL écrit : J'ai eu 4 jours d'affilée, à la même heure, une Colique foudroyante, qui se terminait toujours par de forts vomissements . Je dois maintenant faire affreusement attention Mon docteur est Sigmund Barisani qui est venu me voir presque tous les jours....
(A la mort de ce dernier en septembre 1787, Mozart écrira qu'il était "le sauveur de sa vie"... En rapport avec cette maladie de 1784 ?
Léopold ne dit rien de plus et passe brutalement à un autre sujet.
Il va bientôt reporter toute son affection sur le fils de Nannerl, le petit Léopold, exigeant même de le garder, et l'élèvera jusqu'à sa mort...
Avant, il aura rendu visite quelques mois à son fils à Vienne, qui fera tout pour l'éblouir ...
Vienne, lundi 21 février 1785
A Nannerl :
Comme d'habitude, nous ne coucherons pas avant 1 heure, ce soir . Le 17, jeudi , nous avons déjeuné chez la belle-mère de ton frère, Madame Weber. Nous n'étions que nous 4, la Weber et sa fille Sophie. Il faut que je te dise que le repas était ni trop, ni trop peu,et remarquablement cuisiné. Le rôti était un beau gros faisan, et vraiment le tout excellement préparé... Il n'y a pas moyen ici de songer aux jours de jeûne. Vendredi 18, nous avons mangé chez Stéphanie. Le repas était princier, et à la fin, des huitres, les meilleures sucreries, sans oublier les nombreuses bouteilles de champagne. Et toujours du café, cela va sans dire. Et de là, nous nous sommes rendus à la 2ème Académie de ton frère, à la Mehlbruge. Une fois de plus , elle a été magnifique ...
Bon appétit, mais plus intéressante sera sa lettre précédente où il note :
Monsieur Haydn m'a dit : Je vous l'affirme devant Dieu, en honnête homme , votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne et de réputation. Il a du goût, et en outre, la plus grande science de la composition."
et où il parle du troublant Concerto N° 18 pour piano (à l'écoute sur ce site, De l'ombre à la lumière)
Ton frère a joué un merveilleux concerto qu'il avait écrit pour la Paradies afin qu'elle le joue à Paris. J'ai eu le plaisir d'entendre si merveilleusement le dialogue de tous les instruments que j'en ai eu, de joie, les larmes aux yeux....
Lorsque ton frère quitta la scène, l'empereur (Joseph II) lui fit un compliment du chapeau et cria Bravo Mozart. Lorsqu'il arriva pour se mettre au piano, on l'applaudit également....
Puis, du Concerto N° 20 en ré mineur (à l'écoute sur ce site)
Il y a un nouveau grand Concerto pour piano remarquable de Wolfgang, que le copiste était encore en train d'écrire lorsque que nous sommes arrivés, et dont ton frère n'avait pas eu le temps de répéter une seule fois le Rondeau, parce qu'il devait surveiller la copie (...)
Hier, ton frère a joué le nouveau Concerto en ré mineur : Magnifique
Et la Franc-Maçonnerie, dans tout ça ?
Le 14 décembre 1784, Mozart avait été admis à la loge "Zur Wohltätigke"
(A la Bienfaisance) au premier grade (apprenti). Mais c'est sans doute bien des mois avant qu'il s'était préparé à ce grand moment...
Le 24 décembre, il assiste comme visiteur à une séance de la loge "Zur wahren Eintracht" (A la Vraie Concorde).
Le 7 janvier 1785, à la demande de la loge "A la Bienfaisance", il est admis au deuxième degré (compagnon) à la loge "A la Vraie Concorde". Il participe aux travaux de cette loge les 14 e 28 janvier suivants.
Mozart à sa Loge Maçonnique. On le reconnait très bien
Inutile d'espérer trouver la moindre information dans la correspondance. Est ce pour cela que des lettres sont perdues ?
Une seule certitude : l'engagement de Mozart était total, profond, et sincère. Comme tout ce qu'il faisait , d'ailleurs.
Le 4 avril 1785, au cours de son séjour à Vienne, Léopold Mozart est reçu comme apprenti à la loge "A la bienfaisance", puis promu au deuxième grade de compagnon à la loge A la Vraie Concorde". Sans conviction, apparemment, puisque le 25 avril, il devait quitter Vienne pour ne jamais revenir.
Juste avant, le 25 mars 1785, il écrivait à sa fille :
" Je crois que mon fils, s'il n'a pas de dettes à payer, peut déposer en banque 2000 florins. L'argent est sûrement là ...."
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Chapitre suivant : Patience et tranquillity of mind
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