Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

Le mystère d'un enfant

 

 

 

Musée Grévin, la Marquise de Pompadour,  et Mozart enfant...

 

 

 

                 

             MAIS QUI ETIEZ VOUS VRAIMENT,  JEUNE PRODIGE  ?

 

 

 

  

   Un enfant comme on n'en verra jamais plus, certainement. "Lui, c'est l'Unique" dira Rossini.  Tout nous semble vain et dérisoire, après lui, dira Goethe.

 

  Déjà, il n'était pas le fils de n'importe qui.  Léopold Mozart, un phénomène à lui tout seul. Un  puits de connaissance, de culture, de richesse intérieure, éprouvant d'ailleurs parfois pour ses contemporains un certain mépris dont son fils héritera en partie....  Une personnalité rare et noble jusqu'à la rigueur qui, à la longue, étouffera le fils, leurs  rapports deviendront au fil du temps franchement froids, mais ils s"adoreront toujours. Petit, Léopold était la seule idole de son fils qui voyait  en lui un Dieu vivant,  n'allait jamais au lit sans l'embrasser ou lui chanter une chanson... Idolatrie partagée aussi par la pourtant moins fougueuse Nannerl.  "Dans leurs yeux, dira t'on d'eux, on voyait qu'ils recherchaient toujours l'approbation de leur père, dans tout ce qu'ils faisaient, plus que l'admiration des rois et des princesses."   Fallait-il donc que Léopold soit tout de même quelqu'un pour déclencher une telle fièvre.

 

   Anna Maria, la mère,  était la tendresse, la douceur , la compréhension incarnées.  Assez simple aussi,  ayant beaucoup d'humour, ne dédaignant pas à l'occasion quelques bons délires scatologiques dont elle donnera le goût à Mozart.  Mélange étonnant que ces deux personnalités,  Léopold et son épouse,  dont chaque trait se retrouvera bien dans leur fils,  et ce sera de sa mère de qui il tiendra toujours une certaine distance, ironie, voir moquerie envers l'existence....  Des deux,  il héritera un caractère droit, entier, fier, un peu rigide parfois,  une certaine délicatesse face aux vulgarités de la vie (étrangement, et paradoxalement à son goût pour les mots scatologiques).

 

 

     Mais Qui était vraiment ce jeune prodige qui pendant des années, et cela dès son plus jeune âge, sillonna  toute l'Europe en compagnie de toute la famille Mozart ?  Ballotté de diligence en diligence (pitié pour ses fesses)  ,  exposé aux courants d'air, aux maladies (il les surmontra toutes), exhibé dans les salons des archiduchesses comme un singe savant, sautant sur les genoux des princesses, voulant épouser Marie-Antoinette (parce qu'"elle avait été bonne pour lui",  détail qui n'est pas sans importance)...   Qui était-il,  au delà de ces images officielles,  gracieuses et idéales ?  Images lisses, lissées, peut-être.  De cette époque, nous n'avons que les lettres de Léopold, abondantes, mais jamais vraiment détaillées en ce qui concerne l'attitude du petit Wolfgang au quotidien. Toujours heureux,  toujours souriant,  toujours en pleine forme ??   Une seule certitude : cet enfant est la musique incarnée,  et on ne le forcera jamais à jouer pendant des heures, à improviser,  avec un doigt,  dix,   à composer même déjà des passages éblouissants.   Tout cela lui vient de plus haut, d'une magie lointaine,  qu'il ne comprend peut-être même pas lui-même,  et dans laquelle il baigne en permanence.

 

   Il vit dans une sorte de rêve éveillé ;   au cours de ses longs voyages,  il s'est même inventé un royaume magique dont il est le Roi.  Plus tard,  bien plus tard,  il lui faurdra retomber sur terre, notamment quand il sera traité en domestique par Colloredo. Le choc sera certainement encore plus douloureux pour cet homme-enfant hyper - sensible,  et pleinement conscient de son génie....

 

Pourtant,  on sent déjà chez cet enfant qui fréquente les plus  grandes cours, et cela dès les toutes premières petites lettres,  un humour qui lui permet de prendre ces distances face aux fatuités du Monde.  Là où  Léopold espère toujours les plus grandes gloires, le petit Wolfgang ne semble y attacher qu'une importance toute relative...  Il pirouette soudain,  au milieu d'une de ses prestations pianistiques, se sauve pour jouer avec un petit chat,  plaisante avec sa soeur ou sa mère sur les coliques des princesses.... 

Petit, avec son physique charmant, gracieux, son joli visage,  ses manières charmantes et gentilles,  semblant toujours rechercher l'affection avant tout, il plait beaucoup, aux hommes comme aux femmes.  A 14 ans,  le jeune Thomas Linley, un violoniste de son âge qui mourra de façon très romantique, noyé,  tombera quasiment amoureux de lui, en Italie.... 

 

   Plus tard,  il fera moins l'unanimité,  et déclenchera même parfois de franches rivalités, jalousies, voir haines qui chercheront à lui nuire.  Il usera rarement de diplomatie, sauf en cas de besoin extrème,  et gardera toute sa vie une spontanéité, une fraicheur, une franchise qui ne plairont pas à tout le monde.  En attendant,  son enfance reste assez heureuse,  car il la vit, au fond, bien qu'il soit sans arrêt exposé,  de façon très protégée, dans une famille hyper-présente et attentive,  qui le couve et le supervise en permanence.   Sa mère ne voudra pas le lâcher à Paris,  et elle y perdra la vie....

 

   Et,  même s'il s'en libère peu à peu, grâce à son mariage et son installlation à Vienne en 1781,  Mozart adulte gardera bien toute sa vie en lui des traces plus que persistantes de Mozart enfant... (je ne veux pas du tout dire par là qu'il était un adulte immature mais assez "décalé",  différent...  Peu doué pour gérer tous les problèmes matériels de l'existence. Et fragile.

 

   Et, que ressentait-il,  le jeune Mozart,  celui qui était encore sous la coupe d'un père avide de gloire et de reconnaissance,  quand il s'apercevait, peu à peu , au  fil des ans,  les premiers éblouissements passés,  que ses anciens admirateurs d'antan ne lui étaient plus très fidèles,  que  les cours et les princesses même les plus tendres se désinteressaient un peu de l'enfant prodige qu'il n'était plus ?     Il était trop intelligent, trop fin, pour ne pas s'en apercevoir, et comprendre que cela faisait surtout du mal à Léopold ....  Que ressentait il ,  alors, en prenant conscience de la vanité du Monde et de la gloire éphémère  ?  Un peu d'amertume, déjà  ? Se disait-il , en lui-même : peu importe, je vaux mieux que tous ces comtes et ces princes,  mon génie, personne ne peut me le prendre.  Ou même mieux, certainement  : "Tous ces gens là chient comme moi, et mon cul vaut bien le leur."   ?

 

 

     Etrange enfant, qui, à côté de ça, est tellement délicat et sensible qu'il ne supporte pas le son de la trompette,  qui s'essuie le visage parfois quand on l'embrasse,  et demande  pourtant plusieurs fois par jour si on l'aime,  pleure si on ne lui répond plus... Toute sa vie, il  aura un grand besoin de tendresse,  et si on l'aime, est prêt lui-même à se dévouer dans ses amours, ses amitiés.   Au point que peut être , parfois , certains "amis" abuseront de lui,  d'où certaines dettes  ?   Les femmes bien ou mal mariées aimeront s'épancher auprès de ce coeur tendre et lui feront souvent leurs confidences,  d'où l'échange de correspondances qui feront bêtement jaser....  Et c'est bien encore l'enfant Mozart,  toujours dans ses rêves au piano,  que l'on retrouvera plus tard,  dans ses rapports avec les femmes....  Un être sensible,  qui éprouve le besoin de donner. Selon ses propres termes,  il voudra "sauver" Aloysia, et comme elle n'a nul besoin de lui, quel bonheur pour lui de rencontrer dans sa soeur Constance la Cendrillon qui l'attendait !

En cela l'homme Mozart est un coeur rare, d'une grande pureté,  qui ressemble à ses plus beaux andantes (et pourquoi ne leur ressemblerait-il pas, ils sont le centre de lui-même ?).    Ce garçon qui a sauté sur les genoux des plus riches princesses et aurait bien pu, après tout, essayer de se vendre plus tard à une de ses dames pour faire avancer sa carrière,  serait mort plutôt que de le faire,  et il ira au contraire jusqu'à s'encombrer d'une femme désargentée que les Mozart mépriseront toute leur vie.....

 

  Ce besoin étrange ne prend t'il pas origine dans l'enfance de ce petit garçon pas comme les autres,    qui avait, à dix ans ,déjà tout connu,  la gloire éclatante et le déclin  ? 

 

 

 

 

 

La famille Mozart,  Mozart est au clavecin, et le jeune violoniste serait Thomas Linley...

 

 

 

 

 

 

   'Un coeur aussi sensible que sa musique" dira de lui ,  en 1766,  le Périodique de Lausanne.....

  Le comte  Zinzndorf,  quant à lui,  dans son journal personnel, avait noté,  le  14 octobre  1762  :

 

  "Mme Gardener lui donna un baiser,  il s'essuya le visage...

C'est un enfant spirituel, vif, charmant, sa soeur joue en maitre,  et il l'applaudit.  Le pauvre petit joue lui-même à merveille."

 

 

    "Pauvre petit"....  ?  Le comte fera sûrement partie des nombreuses personnes qui feront remarquer à Léopold  que  "'cet enfant avait un air si sérieux, si concentré quand il jouait,  que cela parfois les inquiétait,  au point qu'ils se demandaient s'il vivrait bien longtemps." !     ..............

 

 

 

           Sans doute pensaient-ils que l'enfant prodige,  et inquiétant par ce génie quelque part,  n'atteindrait même pas l'âge canonique de trente-cinq ans .... !

 

 

             Wolfgang Mozart vécut pourtant jusque là.  Et pourtant,  au cours de ses longs voyages souvent harassants,  il frôla parfois la mort, comme nous le verrons dans l'article qui suit...... 

 

 

                                

 

                                                      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/09/2011