Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& "Le coeur bien trop sensible"

 

 

Wolfgang Mozart arriva à  Munich  le jour de noêl et se rendit aussitôt dans la maison des  Weber.

 

  Aloysia le reçut très froidement. Etant maintenant engagée à la cour et bien payée,  elle n'avait plus besoin de lui.  Entre temps  ,  elle avait sûrement appris la situation financière dans laquelle il se trouvait...  (et peut être bien par Grimm ou un autre ennemi)  . L'argent,  donc,  toujours.  Pas que chez les nobles....

 

  Selon certaines biographies,  Mozart se serait rendu dans la pièce d'à côté,  jeté sur le piano où il aurait chanté :

 

-  Première version :  bah, tant pis,  je laisse tomber cette jeune fille qui ne veut pas de moi  : peu probable.

 

- Deuxième version  :  Celle qui ne veut pas de moi,  je l'emmerde bien profondément  : probable.

 

-  Troisième version  :  Celle qui ne veut pas de moi,  elle peut bien me lécher le cul  :  possible...

 

 

     

Ensuite, des biographes racontent qu'il serait parti de la maison des Weber en courant,  et que pendant deux jours,  nul ne savait où il se trouvait.  Son ami le flutiste Becke  aurait fini par le retrouver et l'aurait ramené chez lui,  accablé.

 

  Cependant , Becke écrira que  "depuis le 26,  nous sommes toujours ensemble."

Wolfgang attendra le 29 décembre pour écrire quelques mots à son père....

 

 

 

 

 

 

                                                                                   Munich,  le  29  décembre  1778

 

 

 

Mon très cher Père  !

 

 

  J'écris ceci chez M.  Becke.  Je suis , Dieu merci,  bien arrivé ici le 25 , mais il m'a été alors impossible de vous écrire,  je me réserve de vous en parler de vive voix lorsque j'aurai le bonheur et la joie de vous revoir  - là je ne peux que pleurer -  j'ai le coeur bien trop sensible -  .

   A présent,  je vous annonce seulement que j'ai reçu mes sonates la veille de mon départ de Kaisheim.  Je les remettrai moi-même à la princesse électrice.  Je veux seulement attendre que l'opéra soit mis en scène et partirai immédiatement, sauf s'il s'avérait utile et favorable pour moi de rester encore quelque temps.  Je sais bien,  oui,  je suis tout à fait assuré que non seulement cela vous satifaira,  mais que vous me le conseillerez vous-même.

   J'ai par nature une vilaine écriture,  vous le savez,  car je n'ai jamais appris à écrire correctement,  mais je n'ai de ma vie jamais écrit plus mal que cette fois-ci.  Je ne peux pas,  mon coeur est bien trop enclin à pleurer !  J'espère que vous m'écrirez bientôt et me consolerez, je crois que le mieux sera que vous m'écriviez  poste restante.  Je peux aller chercher les lettres moi même. Mon adresse est chez les Weber,  mais il serait préférable, oui,  le mieux serait que vous adressiez vos lettres à notre cher ami Becke.  Je vais écrire une messe (entre nous soit dit en grand secret)  tous mes bons amis me le conseillent. Il m'est impossible d'écrire pour moi quels bons amis sont Cannabich et Raaf.  Portez vous bien,  excellent père chéri   !  Ecrivez moi bientôt,  je vous baise mille fois les mains,  embrasse ma chère soeur de tout coeur et suis jusqu'à la mort

                                                                    votre

Heureuse nouvelle année !   Je ne peux en dire plus aujourd'hui  !

Munich, le 29                                              fils très obéissant

décembre 1778

___________________                Wolfgang Amadè  Mzt

     10

 

 

Mes compliments à tous mes bons amis et amies.  J'espère voir ici madame von Robinig.

 

 

 

 

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     Pas plus qu'à son père,  Wolfgang n'avoua les vraies raisons de son chagrin au flûtiste Becke.....

 

 

 

 

 

                     

 

                              Johann  Baptist Becke  à Léopold Mozart,

 

 

                                Munich,   le  29  décembre  1778

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur mon très  cher Ami  !

 

   Le jour présent est l'un des plus heureux de ma vie.  J'ai eu la joie d'accueillir chez moi presque toute la journée M.  votre fils.  Il est bien arrivé depuis le 25,  et depuis le 26,  nous sommes presque toujours ensemble.  Il brûle du désir d'embrasser son père chéri,  dès que sa situation ici le lui permettra.  Mais il m'a presque démoralisé maintenant, car depuis une heure,  je ne peux faire sécher ses larmes.  Il a le meilleur des coeurs.  Je n'ai jamais vu un enfant aussi rempli d'amour et de respect pour son père que M. votre fils.

   Il est saisi d'une légère angoisse à la pensée que votre accueil ne soit pas aussi affectueux qu'il le souhaite.  Pour ma part,  j'en attends un tout autre de votre amour paternel.  Il mérite certes tout l'amour de son père et le bonheur d'être à ses côtés.  Son coeur est si pur,  si puéril, si sincère envers moi,  combien ne le sera t'il pas plus envers son père ?

  Il faut l'entendre parler, et qui ne lui donnerait pas raison : il a le meilleur caractère, c'est l'homme le plus honnête et le plus franc Combien y en a t'il de cette sorte au monde ? Excellent père, vous et vos deux enfants méritez ce prix, cette louange et cette gloire.

Je vous en prie,  écrivez nous vite et assurez nous de votre véritable amour paternel, car le coeur de M. votre fils est dans l'angoisse à l'égard de son père,  tant il est sensible. Rendez lui son séjour à Salzbourg agréable et amical.  Il place tout son bonheur et toute sa joie en son père et sa soeur.   En dehors d'eux,  il n'a personne au monde.

Votre véritable et sincère ami et serviteur   Becke.

 

 

 

 

  C'est sûr,  le flûtiste n'était pas un baron  Grimm...

 

 

  

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                                                                             Salzbourg,  le  31 décembre

                                                                             Pour la dernière fois  1778

 

 

 

Mon cher fils  !

 

   J'ai été très attristé en lisant ta lettre et celle de Mr Becke.  Si tes larmes, ta tristesse et ton angoisse n'ont d'autre raison que ton doute envers mon amour et mon affection pour toi, (évidemment Léopold se doute de la vérité),  tu peux dormir en paix,  boire et manger tranquille, et revenir encore plus tranquille.

   Je vois bien que tu ne connais pas  vraiment ton père.  D'après la lettre de notre ami,  il semble que ce soient là les principales raisons de ta tristesse.  Oh,  je souhaite qu'il n'y en ait pas d'autres  !   Alors tu n'as aucune raison de redouter que mon accueil ne soit pas affectueux, ni de  craindre des jours sans plaisir auprès de ta soeur et de moi.  N'avons nous pas repoussé jusqu'à ton arrivée notre divertissement d'automne,  organisé grâce à la cagnotte de nos séances de tir ?  Crois tu que je ne sais pas quel genre de vie tu échanges,  cellle que tu mènes actuellement contre celle d'ici  ?  Ne t'ai je pas autorisé ici toutes les distractions possibles,  ne te les ai je pas procurées  ?  Crois tu que je le ferai moins désormais ?  La raison prncipale de mes frayeurs réside dans ta longue absence...  Dis moi si on a pas raison de me dire que tu te moques du prince  (Colloredo), et pis encore,  de ton père ?....

   Tu écris qu'il faut que je te Console.  Et moi,  je t'écris : viens, toi,  console toi, je t'embrasserai avec plaisir.  Je deviens fou en écrivant,  c'est le soir du nouvel an, et bien que la porte soit fermée,  on sonne sans arrêt. Pimperl aboie,  Ceccaarelli crie et bavarde,  les gens me rendent sourd à force de me présenter leurs voeux, bien qu'ils voient que j'écris et me dépêche parce que la poste part bientôt  et que j'ai déjà allumé les chandelles car il est 5 heures......

 

 

 

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                                                                               Munich,  le  31 décembre  1778

 

 

 

 

Mon très cher Père  !

 

 

   Je reçois à l'instant votre lettre du 28 par notre ami  Becke.  Je vous ai écrit avant hier de chez lui une lettre comme je n'en avais jamais écrite,  car cet ami me parlait tant de votre amour paternel, de votre affection, votre indulgence,  votre bonté et votre discrétion lorsqu'il s'agit de faire mon bonheur futur, que mon coeur était enclin à pleurer.... Mais en lisant votre lettre,  je vois bien trop clairement que M. Becke a exagéré  !

(Dans la lettre du 28,  Léopold le réprimendait encore sèvèrement).

Maintenant,  parlons clairement   :

   Dès que l'opéra Alceste sera mis  en scène, je partirai,  même si la diligence part le lendemain ,  ou même dans la nuit...   L'opéra sera donné le 11, le 12,  je serai parti (si la diligence s'en va),.  Mon intérêt serait de rester un peu plus longtemps,  mais je veux faire pour vous un sacrifice dans l'espoir d'être doublement récompensé pour cela à Salzbourg......

 

 

 

Plus un seul mot sur Aloysia. Cependant,  il ne peut s'empêcher de rajouter, car Léopold lui avait écrit  (dans la lettre du 28  donc)   d'oublier ses "joyeux rêves"...

 

 

 "Au fait,  qu'est ce que cela veut dire,  " de joyeux rêves  "  ?-  Je ne parle pas du rêve,  car il n'y a aucun être sur terre qui ne rêve parfois-  mais de  joyeux rêves  !  Des rêves calmes, réconfortants,  de doux rêves  !  c'est cela plutôt,    des rêves qui,  s'ils étaient la réalité,  rendraient supportable ma vie plus triste que gaie.....

 

 

 

 

Mais il gardera son douloureux secret.  Et,  le  8 janvier,  il écrira même   :

 

 

 

 

 

 

 

"Je suis assuré par votre dernière lettre que vous me connaissez mieux qu'auparavant !  Si ce n'est ce doute, il n'y a jamais eu d'autre raison à ma longue hésitation à rentrer, à la tristesse que je n'ai finalement pas pu cacher à Mr Becke.... Quelle autre raison aurais- je pu avoir ?...."

 

 

 

 

 

  D'ailleurs, sa petite  cousine est là.  Qu'il se console en faisant des galipettes avec elle,  j'en doute,  mais elle lui redonne envie de plaisanter,  c'est sûr ,  il lui passe la plume, et alors qu'elle écrit,  il l'interrompt pour écrire à son tour des bêtises,  faire des taches d'encre,  et la cousine conclut en écrivant à Léopold  :

 

 

"Mais mon cousin est un vrai fou,  vous le voyez  !   .....

 

Elle signe

Munich,  le  8 janvier  1779,    Mozartin,

 

 

 Et   Mozart achève en écrivant  :

 

 

"où le dernier n'a pas encore chié ----"     !

 

 

 

 

Et maintenant,  après toutes ces épreuves,   il n'y a plus que  Salzbourg......

 

 

 

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Chapitre suivant  : Le troisième acte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                             

 

 

                                                                      

 

 

 

                                 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                       

 

 

 

 

 

 

 



16/09/2011

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