Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& "Mozart, lui, venait de l'au-delà..." - 1791 -

      Presque aucune lettre de Mozart ni de personne entre décembre 1790 et avril  1791...  Pour ceux qui ne le savent pas,  il n'y a aucune trace des épitres que Constance a écrites à son époux.  C'est tout à fait étonnant.  On pourrait penser qu'elle a voulu dissimuler son style qui laissait à désirer,  ses fautes d'orthographe,  mais tout cela aurait bien pu être corrigé par ce cher Nissen, et recopié plus joliment .  Il ne s'est pas gêné pour rayer certains .passages des lettres de Mozart,  nous faisant alors poser des questions inutiles,  car ces passages ne dissimulaient que des noms sans importance.  Comme il est décédé avant d'avoir pu achever la biographie,  qui a jeté les lettres de Constance  ? Elle-même ?  Et pourquoi ?

 

 

 Mozart, Par Doris Stock

 

 

 

 

 

 

  

Extraits de l'aimé d'Isis,  Mozart,  Tome 4,  Christian Jacq

 

 

 

Vienne,  le   5 janvier  1791

 

 

Mozart acheva un surprenant concerto pour piano.

(Concerto pour piano N° 27,  à l'écoute sur ce site).

Nulle révolte,  nul combat,  mais un détachement presque total et une fluidité lumineuse.  Ce dépouillement était celui de la grâce réservée à une infime minorité d'êtres capables de percevoir l'invisible et d'en transmettre la voix.

  En apparence,  une musique proche de n'importe quel auditeur.  En réalité,  un lointain voyage ...  Wolfgang reviendrait-il de ce pays merveilleux et aurait-il le désir d'achever son Grand Oeuvre  ?

   Mozart était un étranger sur cette terre.  Il ne vivait pas la vie des autres êtres et, pourtant, il leur offrait une lumière inespérée.  Absent des contingences,  l'esprit véritablement ailleurs,  il incarnait ses perceptions afin que la Sagesse, nourrie de force et d'harmonie,  ne fût pas tout à fait occultée par la folie et la stupidité de la race humaine.

   Certains créateurs s'élevaient jusqu'au ciel  ;  Mozart,  lui,  venait de l'au-delà....

 

 

 

Cette phrase reprise par Jacq a été prononcée par le chef d'orchestre  Joseph Krips :

"Nous assistons, lorsque nous interrogeons l'oeuvre de Mozart,  arrivé à la fin de sa  courte existence,  à une ascension que nous sommes bien forcés de considérer sur un plan tout spirituel, ou plutôt tout à fait surnaturel,  car ici,  les événements extérieurs n'ont plus de prise."

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le  14 janvier 1791

 

 

   Agé de vingt-cinq ans,  Franz Xaver Sussmayr,  le nouvel élève de Mozart,  était compositeur,  chanteur,  violoniste et organiste.

- Il ne me plait guère,  avoua Wolfgang à Constance.

- Il semble plutôt agréable et poli.

- Simple façade.  Ce garçon a beaucoup d'ambition.

- Serait-ce un grâve défaut ?

- Pas toujours,  peut-être.  En ce qui concerne l'intelligence,  Sussmayr a beaucoup de progrès à faire  !  Enfin,  nous verrons s'il résiste à mes leçons.....  

 

 

  

 

 

      (Devant le mystère Sussmayr,  on reste perplexe.  Plusieurs questions se posent, et personne n'y a jamais répondu  :

 

   - Mozart,  qui ne cesse de le malmener,  dans ses toutes dernières lettres,  demandant à Constance de le gifler,  lui crever un oeil,  lui donner des coups,  etc.,  l'appelant âne, idiot, bouffon de table !   le fait-il  "gentiment"   ,  uniquement par plaisanterie,  et par habitude verbale de cette plaisanterie  ?

    C'est évidemment le plus probable mais .....  curieux amusement,  qui aurait à peine fait rire un collégien,  et que Constance semble partager...

 

 

   - Avait-il pour son élève, pourtant apparemment bien docile,  une certaine aversion,  comme le dit Jacq,  comme le rapportent d'autres témoignages,  le soupçonnait-il vraiment de jouer double jeu auprès de ses ennemis,  Saliéri,  notamment  ?

 

 

  - Mais ce pauvre Sussmayr,  qui a quand même arrangé sinon composé une grande partie du Requiem,  méritait-il vraiment ce traitement,  (même par plaisanterie)  ?  N'a t'il pas servi un peu de "tête de turc",   de "défouloir",  (je n'ose dire "souffre-douleur") au Mozart de la dernière année,  à l'humeur cyclothymique,  parfois dépressive et même paranoïaque  (à raison d'ailleurs, peut-être). 

   Bien sûr,  il n'est pas question d'envisager la moindre violence physique du compositeur,  et on pourrait dire aussi que ses propos décalés cachent peut-être une certaine tendresse envers son élève....  Des amusements destinés à faire rire son épouse,  probablement,  mais qui paraissent là un peu forcés,  et pour tout vous dire, je préférais ses délires scatologiques ! ....

 

 

 

 

 

 

 

Vienne,   Janvier  1791

 

 

   Une certaine joie de vivre retrouvée,  Wolfgang composa,  au coeur de l'hiver, trois chansons célébrant le printemps  :

 

- Nostalgie du printemps, K 596,  qui reprend le thème du rondo final du dernier concerto pour piano N° 27.

- Eveil à une vie nouvelle au début du printemps,  K 597

- Le Jeu d'enfants,  K  598

 

  Alberti publia ces trois Lieder dans un recueil pour enfants...

 

 

 

Là aussi,  je le préfère comme ça...

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

 

Vienne,  le  2 mars  1791

 

 

   Le comte Deym avait passé une nouvelle commande à Mozart pour alimenter l'orgue mécanique de son musée de figurines de cire.  Cette fois,  sans s'ennuyer,  Wolfgang composa rapidement une  Fantaisie qui ne ressemblait pas à une petite pièce de genre.  Un allegro fugué précédait et suivait un andante plutôt majestueux.  Influence de Jean-Sébastien Bach,  rigueur,   sens du tragique.... En écoutant cette oeuvre brève,  Constance perçut une nouvelle évolution du style de Mozart.

- Excellente nouvelle,  ma chérie.  Trois éditeurs ont vendu plusieurs partitions,  des quatuors,  et de la musique de danse tant prisée des Viennois.  Une rentrée de 600  florins,  quel soulagement  !   A présent,  l'avenir s'éclaircit.

-  Et ton grand opéra  ?

-  Il m'envahit peu à peu.  Bientôt,  j'en dessinerai les contours.

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le   7 mars  1791

 

 

- Directeur de théâtre,  quel dur métier  !  s'exclama Emmanuel  Schikaneder.  J'ai été obligé de rédiger un règlement intérieur fort sévère.  Désormais,  indisciplines et retardataires seront passibles d'une amende versée à la caisse de secours pour comédiens errants.  N'est-ce pas une belle application du principe de solidarité que prône la Franc-Maçonnerie ?

- Cette rigueur me plait,  reconnut Mozart, et me donne envie de collaborer avec vous.

   L'oeil de Schikaneder s'alluma.

- Un projet.... sérieux ?

- Très sérieux.

- Auriez-vous un livret ?

- Je suis en train de l'élaborer,  et vous m'aiderez à le mettre en forme si vous acceptez de suivre mes indications.

- Topez là  !  approuva Schikaneder en frappant de sa paume droite celle de Mozart.  Et je vous apporterai quelques idées amusantes qui enchanteront votre public.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mozart à Johann Michael  Puchberg à Vienne,   le  13 avril  1791

 

 

Très cher ami et frère  !

 

   Le 20 courant,  donc dans 7 jours,  je touche mon trimestre.  Voulez-vous,  et pouvez-vous,   me prêter jusqu'à cette date vingt florins et quelques,  vous m'obligeriez infiniment,  excellent ami,  et vous les recouvrirez le 20,  (dès que j'aurai touché mon argent) ,  avec tous mes remerciements.   Dans cette attente,,  je suis,  à jamais

 

Votre

ami très obligé

Mozart

 

 

 

Note de Puchberg :

Envoyé  30 fl.

 

 

 

 

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

 

Vienne,  le  18 avril  1791

 

 

   Pour ses trois opéras initiatiques précédents,  Les Noces de Figaro,  Don Juan et Cosi fan tutte,    Mozart avait composé l'Ouverture en dernier.   Cette fois ,  il en discuta avec Ignaz von Born .

- Le Trois sera bien présent dans la Flûte,  assura Wolfgang  (trois portes du temple,  trois dames,  trois enfants solaires).  Au début de l'Ouverture,  il y aura trois accords différents et ,  au milieu,  trois fois trois accords...   Et j'ai pris la décision de fonder un nouvel ordre initiatique.  Il s'appelera la Grotte et offrira d'authentiques rituels dont La Flûte magique fournira les bases.  Notre soeur Thun et notre Frère Stadler acceptent de participer à l'aventure....

 

 

 

(C'est une lettre de Constance , plus tard  ,  qui révèle les intentions de Mozart :

Au sujet de l'Ordre ou de la Société du nom de Grotte qu'il voulait ériger,  écrit-elle ,  (enfin,  écrit Nissen...),    je ne peux pas vous donner plus d'explications .  Le clarinettiste de la cour,  Stadler l'Ancien,  qui a rédigé le reste des statuts,  le pourrait ,  mais il doit avouer qu'il a des craintes,  car il sait que les Ordres ou les Sociétés secrètes sont haïs.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le  23  mai  1791

 

 

  Agé de six ans,  le petit Carl Thomas ne comprit pas pourquoi sa mère lui interdisait de  chanter à tue-tête.

- D'habitude, je ...

- Ton papa travaille.

- Il travaille tout le temps !

- Comme il écrit une oeuvre très importante,  expliqua Constance,  il évite le moindre bruit.  Dans son propre bureau,  il marche sur la pointe des pieds et,  lorsqu'il se promène avec Gaukerl, il fait  "chut" aux passants trop bruyants.

 

(ces anecdotes rapportées par Christian Jacq sont parait-il authentiques...)

 

- C'est quoi,  cette oeuvre ?

- Un grand opéra  "  La Flûte magique".  Ni toi ni moi ne devons l'importuner.  Au contraire,  aidons-le à se concentrer et à rassembler ses forces.

   Réticent,  Carl Thomas accepta ces contraintes.

   Après avoir terminé un quintette pour harmonica de verre, destiné à la virtuose aveugle Marie Anne Kirchgässer,   Wolfgang sut que naissait enfin l'opéra initiatique qu'il portait en lui depuis si longtemps.

  

 

 

Mozart à sa femme à Baden près de Vienne, 

Vienne,        le   6 juin  1791

(La première partie de la lettre est rédigée en français)

 

 

Ma très chère  Epouse  !

 

 

   J'écris cette lettre dans la petite Chambre au Jardin chez Leutgeb où j'ai couché cette Nuit excellement,  et J'espère  que ma chere Epouse aura passé cette Nuit aussi bien que moi.  J'y passerai cette Nuit aussi,  puisque j'ai congédié Leonore,  et je serais tout seul à la maison,  ce qui n'est pas agreable.

   j'attends avec beaucoup d'impatience une lettre qui m'apprendra comme vous avés passé le Jour d'hier.  Je tremble quand je pense au baigne du st. Antoin, car je crains toujours le risque vous tombez sur l'escalier,  en sortant,  et je me trouve entre l'esperance et la Crainte,  une Situation bien désagréable  !  si vous n'etiés pas grosse, J'en craignerais moins,  mais abbandonons cette Idée triste  !  --  le Ciel aura eu certainement soin de ma Chere stanzi-Marini.

  Madme de Schwingenschuch m'a priée de leur procurer une Loge pour e soir au theatre de Wieden ou l'on donnera,  la cinquième partie d'Antoin,  et j'etais si heureux de pouvoir les servir,  j'aurai donc le plaisir de voir cet Opera en leur Compagnie.

 

En allemand  :

 

   Je reçois à l'instant ta chère lettre et constate avec plaisir que tu vas bien.  Madame Leutgeb m'a noué aujourd'hui le jabot,  mais comment ?  mon Dieu  !  j'ai bien sûr toujours protesté  "Elle le fait comme cela  !" .  Mais ça n'a servi à rien.

   Je suis heureux que tu aies bon appétit,  mais qui mange beaucoup doit aussi beaucoup ch....  -  Non,  je voulais dire beaucoup marcher.....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

 

Vienne,  le 11 juin  1791

 

 

  Après avoir rendu une brève visite à Constance,  Wolfgang était rentré à Vienne, nerveux et inquiet.  Ce traitement quotidien par les eaux lui semblait excessif.  Ne fallait il pas l'interrompre au moins une journée  ?  écrivit-il à sa femme.....

   Aujourd'hui,   il rencontrerait le  " banquier"  Goldann,  marchand de fer et usurier plutôt douteux,  dont le prêt permettrait au compositeur d''oublier ses problèmes financiers.

   Le siripeux bonhomme se présenta au domicile de Mozart au milieu de la matinée.  Surchargé de travail ,,  il lui promit de revenir entre midi et treize heures.  Le musicien l'attendit en vain jusqu'à quinze heures , manquant ainsi un déjeuner avec son Frère Puchberg.  Il grignota ,  seul,  à la Couronne de Hongrie,  dans une salle vide,  avant de rentrer chez lui et d'y attendre Goldhann.

   Incapable de travailler  correctement à cause de ces contretemps,  il reçut,  à dix huit heures trente, un billet d'excuses.  Son  "banquier"  lui assurait qu'il tiendrait parole.

   Wolfgang retourna à la Couronne de Hongrie,  y dina puis écouta,  au Leopold Theater,  l'opéra allemand de Wenzel Muller.  "Le basson fait beaucoup de bruit,  constata t'il,  mais il n'y a rien du tout là-dedans.

  Demain serait un meilleur jour.

 

 

 

 

 

 

 

Mozart à sa femme à Baden,    

Vienne,  le   ?  juin  1791

 

 

  (....) vient de partir pour Baden  (nom rendu illisible par Nissen).   Il est maintenant 9 heures et je me trouve  chez lui depuis 3 heures de l'après-midi.  Je crois maintenant qu'il tiendra parole.  Il m'a promis de te rendre visite et je te prie de bien l'aiguillonner ! Mais je te prie aussi de ne pas aller,  surtout ,  au  Casino.... C'est à cause de cette compagnie,  tu me comprends bien....

 

(Les commentaires pensent que Mozart avait donc peut-être bien des dettes de jeux au Casino. Mais je le répète : les commentaires, et tout le monde probablement, se trompent. Quant au souci que le compositeur se fait sans arrêt sur le comportement de sa femme,  il est certainement basé sur quelque chose que nous ignorons...)

 

   Je dois clore parce que je dois encore aller chez Montecuculi....  

(non,  non ,  ce n'est pas une plaisanterie,  il s'agit du comte  Montecuculi  !)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Johann Michaeil Puchberg,    Vienne,  le  25 juin  1791

 

 

Très cher,  excellent ami  !

Très honoré Frère !

 

   A cause de mes affaires,  je n'ai pas eu le plaisir de m'entretenir aujourd'hui avec vous.

   J'ai un service à vous demander.  Ma femme m'écrit qu'elle a remarqué qu'on aimerait toucher quelque argent tant pour le quartier que pour la nourriture et le pain,  et elle me demande de lui en envoyer.  Comme je croyais régler cela à la fin,  au moment de partir,  je me trouve de ce fait dans un grand embarras.  Je ne voudrais pas livrer ma pauvre femme à des désagréments,  et ne peux me dépouiller en ce moment.

   Si vous pouviez,  excellent frère,  m'assister d'une modique somme que je lui enverrais immédiatement,  vous m'obligeriez beaucoup.  Ce n'est de toute façon que pour quelques jours,  et vous recevrez en mon nom  2000 fl.  dont vous pourrez alors vous rembourser...

 

A jamais votre

Mozart

 

 

 

Note de Puchberg   :

Envoyé  25 fl.

 

 

 

 

 

 

 

 

Mozart à sa femme à  Baden,      Vienne,  le  25 juin  1791

 

 

Très chère,  excellente petite femme !

 

   Je ne t'écris que très peu et en hâte,  car je veux faire une surprise à Leutgeb et vais le voir pour le petit déjeuner.  Il est maintenant  3 heures et demie.  Après le repas,  je t'écrirai plus longuement.  J'espère d'ici là lire également de tes nouvelles.

   Adieu,  j'ai simplement voulu te dire bonjour,  fais attention à toi,  surtout aux bains,  si tu te sens un peu affaiblie, arrête tout de suite.  Adieu.  2000 baisers.

 

Mozart.

 

Mes  compliments à  Snai,  (peut être Sussmayr ?), plein le cul.  Qu'il tourmente bien NN (nom rayé par Nissen,  là  encore,  Sussmayr  ?)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

 

- Mon cher frère,  dit Schikaneder à Wolfgang,  je mets à votre disposition un petit chalet dans le jardin proche du théâtre où sera représentée notre Flûte magique.  L'endroit est charmant et reposant.  Les membres de la troupe vous encourageront et vous apporteront à manger et à boire  !

   Ainsi se succédèrent Gerl, le futur Sarastro,,  Josepha Hofer,  soeur de Constance et Reine de la Nuit,  M'elle Gottlieb,  toute jeune Pamina,  et Schack,  fier Tamino....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le  5 juillet  1791

 

 

Très chère, excellente petite femme  !

 

Voici 25 fl.  Règle ton compte aux bains.  Lorsque je viendrai,   nous paierons le reste.  Que Sussmayr m'envoie les N° 4 et 5 de mon manuscrit,  ainsi que ce que je t'ai demandé,   et qu'il me lèche le cul.

  Je dois me dépêcher d'aller  chez Wetzlar,  sinon je ne le rencontrerai pas.  Adieu.  J'embrasse 1000 fois et suis à jamais ton

Mozart.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le  7 juillet  1791

 

 

   Je ne souhaite,  maintenant,  rien plus que de régler mes affaires pour pouvoir être à nouveau auprès de toi.

   Tu ne peux t'imaginer comme ce temps m'a paru long,  sans toi  !  Je ne peux t'expliquer mes sentiments,  c'est un certain vide,  qui me fait  bien mal,  une certaine langueur jamais satisfaite et qui,  par suite,  ne s'apaise jamais,   qui perdure sans cesse et  croît même de jour en jour.. Quand je pense combien nous étions gais et puérils ensemble à Baden,  et quelles tristes et ennuyeuses heures je vis ici,  même mon travail ne me charme plus,  car j'étais habitué à m'arrêter de temps en temps pour échanger quelques mots avec toi,  et ce plaisir est maintenant impossible.  Si je me mets au piano et chante quelque chose de l'opéra,  je dois tout de suite m'arrêter,  cela m'émeut trop. 

  Basta !  dans l'heure où mon affaire est conclue,  je pars sur le champ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

Vienne,  le  30 juillet 1791

 

 

Puchberg ne regrettait pas d'avoir aidé Mozart dont la situation financière s'améliorait lentement.  Si son nouvel opéra était un succès,  comme le promettait le frère Schikaneder,  les dettes de Wolfgang seraient vite remboursées...

 

  Agé de 28 ans,  le comte Walsegg Stuppach, propriétaire de l'immeuble où habitait Puchberg,  restait déprimé après la mort de sa jeune épouse Anna.  Il se réfugiait souvent dans son château isolé,  contemplant les sombres montagnes de Semmering.

-J'aimerais un Requiem à la mémoire de ma femme,  confia t'il à Puchberg.  A condition de le signer moi-même...

- Je connais un auteur talentueux,  Wolfgang Mozart.

- Mozart  ?  Il n'acceptera jamais !  C'est un musicien connu et indépendant qui refusera mes conditions.

- Tout dépend de la manière de l'aborder,  monsieur le comte.

- Qu'envisagez vous ?

- Un émissaire anonyme lui offrira une rémunération convenable.

- J'y réfléchirai.....

 

 

 

 

 

 

Vienne , le  10 août  1791

 

 

- Majesté,  dit Guardasoni à Leopold II,  j'ai contacté à plusieurs reprises Antonio Saliéri en le priant de composer La Clémence de Titus,  mais il a refusé.  C'est pourquoi j'ai choisi Mozart qui s'engage à respecter les délais.

- Saliéri est l'ennemi de tous les compositeurs,  estima Leopold II.  Quant à Mozart,  il me coûtera beaucoup moins cher.  Vous lui donnerez  200 ducats pour l'opéra et 50 autres pour les frais de voyage....

 

 

 

 

 

Vienne,  le 19 août 1791

 

 

   Jamais Wolfgang ne se consolerait de la mort d'Ignaz von Born.  Le Vénérable laissait un vide que personne ne comblerait...
  Le soir ,  il assista au concert de la virtuose aveugle Kirchgessner.  A l'harmonica de verre, elle joua plusieurs oeuvres,  dont l'Adagio et rondo composé pour elle .  (K 617).

 

   A la sortie de sa salle,  un homme âgé et sobrement vêtu aborda le musicien.

- Puis-je vous parler,  monsieur Mozart  ?

- Qui êtes-vous  ?

- L'envoyé d'un homme riche et puissant.  Il souhaite vous commander un Requiem.

- Une messe des morts...

  L'homme hocha la tête affirmativement.

- Est-il pressé  ?

- Toutes vos conditions seront acceptées.

 

   Requiem....  Le mot résonna comme un coup de tonnerre dans la tête de Mozart.

  Soudain,  la mort,  la meilleure amie de l'homme,  devenait menaçante...

 

 

 

 

 

 

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Chapitre suivant  :  Flûte magique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                               

 

 

 

 

                                                                              

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                        



29/09/2011

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