Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& Flûte magique

 

            Il n'y a plus de correspondance pour la période où  j'ai recours au livre de Christian Jacq,   mais ses sources sont sérieuses.

 

      Dommage que par ailleurs l'auteur nous peigne un Mozart un peu trop "lisse",   semblant vouloir ignorer (comme bien des biographes)  les tourments profonds du compositeur. Quant au portrait qu'il nous fait de Constance,  il est carrément idéalisé !...

 

 

 

   

 

Extraits de l'aimé d'Isis,  Mozart, Tome 4,  Christian Jacq 

 

 

 

Vienne,  le  20 août  1791

 

 

 

   En promenant Gaukerl,  Wolfgang rencontra pour la  deuxième fois l'homme âgé et sobrement vêtu.

- Avez-vous pris une décision,  monsieur Mozart  ?

- J'accepte.

- La somme de 100 ducats vous parait-elle suffisante ?

- Tout à fait.

- En ce cas,  le plus tôt sera le mieux.

- Je suis débordé et...

- Je compte sur vous ,  monsieur Mozart.

   Aucune des questions que Wolfgang aurait aimé poser ne franchit  la barrière de ses lèvres.

   Les premières notes du Requiem chantaient déjà dans son coeur.

 

 

 

 

   Et il est bien possible aussi, comme certains le croient , qu'il ait eu à cet instant là une certaine prémonition de sa mort prochaine,  car il croyait aux signes du Destin... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                       LE   DERNIER   VOYAGE   A    PRAGUE

 

 

 

 

L'aimé d'Isis

 

 

Vienne,  le  24 août 1791

 

 

  A huit heures du matin,  tout était prét.  Constance,  dont Mozart jugeait la présence indispensable,  avait mis en pension  Carl Thomas et le petit Franz Xaver,  en excellente santé.  Sussmayr s'assurait que son patron disposerait d'assez d'encre et de papier à musique.   Un nouveau voyage,  des heures épuisantes en perspective  !

   Pendant le trajet,  Wolfgang écrirait les dernières pages de La Clémence de Titus avec l'espoir de satisfaire l'empereur.   A l'instant où le compositeur montait en voiture,  surgit l'homme âgé et sobrement vêtu.

- Vous partez,  monsieur Mozart  ?

- Déplacement professionnel.

- Ce voyage vous contraint d'interrompre la composition du Requiem,  n'est-ce-pas  ?

- En effet.

- Fâcheux,  très fâcheux.

- Dès mon retour,  je m'en occuperai.

   L'émissaire s'inclina et s'éloigna à pas lents.....

 

 

 

 

 

 

Prague,  le  26 août 1791

 

 

  L'arrivée d'Antonio Saliéri ,  avec ses cinq voitures et ses vingt musiciens de cour,  ne passa pas inaperçue.  Précédant Mozart,  il restait le premier compositeur de l'Empire.  Il contrôlerait les artistes locaux et le programme des concerts donnés pendant les fêtes du couronnement....

  Saliéri savait que ses propres oeuvrettes,  des machines bien huilées,  ne passeraient pas l'épreuve du temps.  Les créations de Mozart,  elles ,  avaient un parfum d'éternité....

 

 

 

 

 

 

 

Prague, le  28 août  1791

 

 

   Les paysans rentraient les moissons,  les vignes étaient rouge et or,  le ciel d'un bleu étincelant, et la vallée du Danube,  ornée de belles demeures,  déployait ses charmes.  Wolfgang ne cessait de composer.  De temps à autre,  il jetait un regard au paysage,  puis se remettait au travail.

  A l'approche de Prague,  La Clémence de Titus était presque terminée.

  La voiture du compositeur prit la direction de la Bertramka,  la villa des Duschek dont Mozart appréciait le confort et le calme.

- Enfin de retour  !  s'exclama la cantatrice Josépha.  Pourquoi te fais-tu si rare  ?  Prague ne songe qu'à t'acclamer  ?

- Vienne est une dévoreuse,  s'excusa Wolfgang.

- Ton cabinet de travail t'attend,  cher Wolfgang.

   Pendant que Josepha et Constance se désaltéraient à l'ombre d'un chêne,  le musicien,  accompagné de Gaukerl,  s'isolait dans une pièce lumineuse et aérée.  Doté d'une excellente énergie,  il reprit la plume.

 

 

 

 

Prague,  le  5 septembre  1791

 

 

  En mettant la dernière main à La Clémence de Titus dont la première répétition aurait lieu l'après-midi,  Wolfgang eut un malaise.  Très pâle,  les yeux gonflés,  le ventre douloureux,  il se sentait presque incapable de composer.

- Veux tu que j'appelle un médecin  ?  demanda Constance.

- Non,  je vais déjà mieux.  Je n'ai pas assez dormi.  Mais l'opéra est terminé....

- Comment es-tu parvenu à tenir des délais aussi courts  ?   demanda Stadler.

-  Sans nul doute,  grâce aux dieux.

 

 

 

 

Prague,  le  6 septembre

 

 

   A dix neuf heures trente,  au Théâtre national de Prague,  la cour assista à la création de La Clémence de Ttus,  operia seria en deux actes de Mozart.

   Sérieuse,  voire sévère,  l'oeuvre mettait en relief la grandeur d'âme de l'empereur Titus.  Au lieu de châtier cruellement ses ennemis,  il leur accordait son pardon.

   Marie-Louise d'Espagne détesta ce drame austère qu'elle qualifia de "porcheria tedesca" (cochonnerie allemande).   Elle n'apprécia que le jeu très brillant d'Anton Stadler,  au cor de basset et à la clarinette.

 

 

 

Prague,  le 7 septembre

 

 

  Depuis la fenêtre de sa chambre,   Mozart contemplait la campagne.  La villa de ses amis Duschek ressemblait à un petit paradis où il aurait dû oublier ses soucis.  Mais ceux de Wolfgang étaient trop lourds.

- Echec total,  dit-il à Constance.

- Ne sois pas excessif.  Ton oeuvre jouée devant le couple impérial ,  quel pas en avant !

- Détrompe toi,  chère petite femme.  L'impératrice a prononcé des mots très durs ,  et l'empereur n'a pas formulé le moindre  compliment.  Quant au public praguois,  il est dérouté par une musique trop austère,  tournée vers le style ancien,  et tellement éloignée des Noces de Figaro  !  ...

 

 

 

 

 

 

Vienne,  le  15 septembre   1791

 

 

   Le teint pâle,  le regard terne et triste, plaisantant beaucoup moins qu'à l'ordinaire,  Mozart se surmenait au point d'oublier le monde extérieur. 
   Il désirait recréer le rituel d'Isis et Osiris,  tout en composant un ample concerto pour clarinette,  destiné à sa future communauté initiatique "La Grotte"...

   Soudain,  il tombait sans force et son domestique,  aidé de Constance,  devait le porter sur son lit,  sous l'oeil inquiet de Gaukerl.

   Puis il ouvrait les yeux,  et l'énergie revenait.

- Etrange, confia t'il à Constance.  Naguère,  j'ai travaillé davantage et je me portais mieux.

 

 

(Chritian Jacq ne nous précise pas,  ne le sachant probablement pas, qu'à cette époque,  Mozart se "remontait" sans arrêt à l'aide de "médecines" et selon Michèle Lhopiteau Dorfeuille, ce remède aurait été  la fameuse liqueur van Swieten,  que son ami le baron Gottfried van Swieten devait lui procurer gratuitement. 

J'avais écrit un article à ce sujet au début de la création de ce site (juillet 2011), (article supprimé) , et la musicologue, fort aimable, m'avait écrit pour m'en remercier, car presque tout le monde la boycottait, comme tous ceux qui abordent des sujets qui dérangent, ou qui essaient de remettre un peu les pendules à l'heure.

(Mme Lhopiteau-Dorfeuille a écrit aussi un site sur les contrevérités véhiculées par le film Amadeus : "Amadeus ne méritait pas ça."

 

 

 

 

 

Vienne,  le  28 septembre  1791*

 

 

   Se sentant un peu mieux,  Wolfgang termina  "La marche des prêtres",  début du second acte de La Flûte magique, puis il acheva l'ouverture.  D'une gravité lumineuse,  elle formait le prélude parfait à l'immense cérémonie initiatique conduisant à la consécration du couple royal.

- Demain,  dit Mozart  (aurait dit Mozart ?)  ,  c'est la Générale de La Flûte.  Si j'échoue, ce sera un désastre irrémédiable.  Tout à coup,  je ne crois plus en rien ! Ni a ma musique,  ni aux chanteurs ,  ni à l'orchestre.  Je ne suis qu'un petit homme,  incapable de supporter une charge trop lourde....

 

 

 

 

Vienne,  le  30  septembre  1791

 

 

   Avant de se rendre à la première de la Flûte magique, Mozart travailla à son Concerto pour Clarinette. (K622).   En se recueillant,  il se détachait du monde.

   Sur l'affiche,  le nom de MOZART  n'occupait qu'une petite place.  Elle proclamait que les acteurs du Théâtre avaient l'honneur de présenter La Flûte magique,  un grand opéra en deux actes.....  d'Emmanuel  Schikaneder  !

 

   "M.  Mozart,  par déférence pour le bienveillant et honorable public,  et par amitié pour l'auteur de l'ouvrage,  était-il précisé,  dirigera aujourd'hui personnellement la représentation. "

 

   A dix neuf heures,  la salle était remplie d'un public populaire et bon enfant, (je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas me souffrir cette expression de "bon enfant"  !!  Excusez moi de donner parfois un peu trop mon avis ...)  un public bon enfant donc, venu se distraire grâce aux nouvelles fééries de Schikaneder.  Fort peu,  en vérité,  s'intéressaient à la musique de Mozart.  D'abord du théâtre,  et de l'amusant !

 

                   

                                       

 

                       

 

   Très tendu,  Wolfgang dirigea la grandiose Ouverture de La Flûte magique avec une majesté digne d'une Tenue consacrée aux Grands Mystères.

   A peine se terminait-elle qu'un musicien,  Schenk,  se faufila jusqu'à Mozart et,  les yeux embués de larmes d'admiration,  baisa les mains du génie qui venait de lui offrir une immense joie artistique.

 

   Les applaudissements furent maigres.

   Désespéré,   Wolfgang se réfugia en coulisses.  Son rêve s'effondrait.  Un désastre mettait fin à sa carrière de compositeur d'opéra.

   Cet échec là était celui d'une vie entière.

- Rien n'est encore perdu,  affirma Schikaneder.  Le second acte plaira peut-être davantage.

- Inutile,  jugea Wolfgang.  Que Henneber me remplace.

- Persévère.

   Sortant de son abattement,  Mozart retourna à son clavecin et dirigea le second acte comme un Vénérable aurait conduit une Tenue.

 

     Après  La Marche des prêtres,  suivie de la délibération entre Sarastro et les initiés à propos de l'initiation de Tamino et Pamina,  l'attitude du public changea.

   La magie de la musique gagna les interprètes,  un lien profond s'établit entre eux et les auditeurs.   Vibrante d'émotion,  la salle réagit à chaque air. Il ne s'agissait pas d'un spectacle mais d'une communion entre des êtres fort différents qu'élevait la puissance de l'oeuvre.

 

   Après la consécration du couple royal et le triomphe de l'initiation,  ll y eut un silence stupéfiant ,  comme si les privilégiés de ce  30 septembre  1791 appréciaient l'ampleur du miracle auquel ils venaient d'assister.

   Puis éclatèrent des applaudissements de plus en plus nourris,  suivis d'une interminable ovation.  On acclamait Mozart,   on le réclamait.

 

   Le compositeur avait quitté son clavecin,  personne ne savait où il se trouvait.  En explorant les coulisses,  Schikaneder le découvrit,  caché dans un recoin et refusant de se montrer sur scène.   Il fallut l'aide de Sussmayr pour traîner de force le petit homme devant les spectateurs enthousiastes...

              

 

                                    

 

 

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Chapitre suivant : La vaisselle blanche avec les perce-neige

 

  

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                        



30/09/2011

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