Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& Lettres d'Italie 1770 - 1772

 

 

Cette rubrique sera consacrée à la correspondance de Mozart,  qui commence véritablement en Italie en 1770,  jusqu'à ses dernières lettres à Constance en 1791.

 

Ce sont de nombreux extraits choisis reflétant le mieux la vie, et surtout la personnalité profonde,  du compositeur.
(Pour la correspondance complète,    Editions Flammarion,  nouvelle édition 2011, sept tomes réunis en un seul !  Traduction Geneviève Geffray)

 

 

 

 

 

                                       

 

 

Note   :  Il est recommandé de lire ces lettres dans l'ordre chronologique,  et dans leur intégralité,  et attentivement,  aussi....

 

                                        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Wolfgang et Léopold viennent d'arriver en Italie,  où ils resteront plusieurs mois et  où ils feront plusieurs voyages.  Le jeune garçon de treize ans est un peu excité par le climat napolitain et les lettres qu'il envoie  à sa mère ou sa soeur respirent toute la bonne humeur même si son esprit déjà caustique et un peu moqueur transparait déjà, avec un goût très prononcé pour tourner le monde en dérision.

 

 

                                                                                                      

 

 

                                                                           Milan,  le 26 janvier 1770

 

 

 

 

                     Ma chère soeur,  Je me réjouis de tout coeur que tu te sois tellement amusée à la course en traineau. Mais je suis bien contrarié  que tu aies laissé M. Molk soupirer et souffrir indéfiniment, et que tu n'aies pas fait la course en traineau avec lui, pour qu'il te fasse verser.  Combien de mouchoirs n'aura t"il pas utilisés pour essuyer ses larmes à cause de toi.  ?  Et il aura sûrement auparavant pris 2 demi-onces d'esprit de vin pour expulser les affreuses impuretés qui infestent son corps.  Je ne sais rien de nouveau, si ce n'est que M. Gellert,  le poète, est mort à Leipzig, et n'a donc plus écrit de poèmes depuis sa mort.....

 

                     L'opéra de Mantoue a été très réussi.  La prima donna chante bien, mais tout doucement, de sorte que si on ne la voyait pas jouer et l'entendait seulement chanter, on pourrait penser qu'elle ne chante pas, car elle ne peut ouvrir la bouche et gémit simplement les sons....  

 

                      A  Crémone, l'orchestro est bon , la prima donna pas mal, assez vieille, je crois, et laide......  Il y avait aussi un danseur grotesque qui lâchait un pet à chaque saut.

A Milan,  nous n'avons pas encore été à l'opéra, mais nous avons entendu dire que ce n'est pas un succès...  Il y a aussi des feste di ballo ici, car dès que l'opéra est terminé commencent les bals. L'intendante du comte de Firmian est une viennoise.  Nous y avons diné vendredi dernier et nous y retournerons dimanche prochain.  Adieu, baise mille fois la main de maman in vece mia.  Je reste jusqu'à la mort ton frère fidèle,

 

Wolfgang de Mozart, Seigneur de Hochenthal, Ami de la Ligue du Nombre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                          Naples, le 16 juin 177O,

                                                                          Post-Scriptum d'une lettre écrite par son père

 

 

 

Je suis encore en vie et suis sans cesse joyeux, comme toujours, et me plais à voyager : je suis même allé sur la mer "Merditerranée".  Je baise la main de maman et embrasse Nannerl  1OOO fois et suis

 

Votre fils simplet et frère nigaud.

 

 

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                                                                                    Rome,  le 7 juillet 177O, P.S.

 

 

 

Cara sorella mia   !

 

 J'ai  été très étonné que tu composes si joliment, en un mot,  le lied est beau, essaie souvent d'écrire quelque chose.  Tu auras reçu les menuets de Haydn, envoie moi les 6 autres, je t'en prie. Adieu.  Wolfgang Mozart.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    Le  29 septembre  1770,  Wolfgang a commencé la composition  de  "Mitridate,  re di Ponto",  dont il avait reçu la  commande à Milan le 13 mars.  Il  écrit qu'il "est toujours en vie ,  et très gai ",  ce qui n'empêche pas ,  déjà,  à  treize ans ,  des plages d'une étonnante gravité et lucidité,  que ce soit dans ses compositions,   ou dans ses lettres  :

 

 

 

   "  Je suis profondément peiné de la si longue maladie qui touche la pauvre Melle Martha et qu'elle doit supporter avec patience.  J'espère qu'elle guérira,  avec l'aide de Dieu.  Sinon,  il ne faut pas trop s'affliger,  car la volonté de Dieu est toujours la meilleure,  et Dieu sait bien s'il vaut mieux être en ce monde ou dans l'autre...."

 

 

   Plus qu'étonnant,  des paroles aussi stoïques sur la mort,  chez un jeune garçon...  Et cette certitude ne l'abandonnera jamais,  puisqu'il la répétera lors de la mort de sa mère,  et de son père,  et d'un ami....

 

 

 

 

 

 

     Le  17  novembre,  Léopold écrit   "Wolfgang a eu ces jours-ci un abcès aux dents, comme toujours,  avec une légère enflure"...

 

 

     "Comme toujours"....

 

 

 

 

 

  Le  26 décembre,  c'est la première à Milan de Mitridate  et le  12 janvier  1771,  Mozart est heureux  :

 

 

   "Ma bien chère soeur  !

 

   Dieu soit loué et remercié,  l'opéra plait et le théâtre est plein tous les soirs.  Tout le monde en est étonné et dit qu'ils n'ont jamais vu un premier opéra de la saison aussi plein."...

 

 

     Cependant,  le  4  février,  le père et le fils sont déjà repartis pour Venise,  puis Vérone.  Le  28 mars,  ils sont de retour à Salzbourg. 

 

 

 

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  Au mois d'août,  déjà,  deuxième  voyage en Italie.....  Wolfgang composera la musique d'Ascanio in Alba,  qui obtiendra un certain succès,  sans que cela procure au jeune compositeur le moindre poste fixe.

   

 

                                                      

 

 

 

 

 

                                                                                   Milan,  le 24 août 1771, P.S.

 

 

Ma soeur chérie  !

 

 Nous avons eu en route une chaleur énorme, et la poussière nous a impertinemment ennuyés, de sorte que nous serions sûrement morts d'étouffement et d'épuisement si nous n'avions pas été trop malins pour cela...   

  Tiens bien ce que tu m'as promis de faire  (tu sais ce que je veux dire... ô ma chérie !)

je t'en prie et je te serai sûrement très reconnaissant.  La princesse a récemment eu la diarrhée ou -- la chiasse.  Sinon, je ne sais rien de neuf...  Maintenant, je crève de chaleur, et j'ouvre ma chemise..   Addio, porte toi bien.    Wolfgang.

 

 

 

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   1772.

 

   A  Salzbourg,  le comte Colloredo vient d'être  élu prince-archevêque.  Le  9 août,  Wolfgang est nommé maître de  concert de la chapelle de la cour.

 

 

  En  octobre,  troisième et dernier voyage en Italie,  qui durera six mois .  Wolfgang va composer l'opéra  Lucio  Silla,   qui sera créé le  26 décembre, une tragédie aussi sombre qu' Idoménée,  que le public italien boudera.  Juste avant la première,  le jeune compositeur se détend un peu  :

 

 

   

 

 

 

La moitié de cette lettre est écrite à l'envers (tête en bas). La première ligne est à l'endroit, et ensuite, chaque fois que Mozart va à la ligne,  il la renverse , pour la remettre dans le bon sens ensuite,  etc.

 

 

 

                                                                                              Milan, le 18 décembre 1772

 

 

 

 

  J'espère que tu vas bien, ma chère soeur.  Lorsque tu

liras cette lettre, ma chère soeur,  ce même soir, ma chère soeur,

on mettra mon opéra en scène. Pense à moi, ma chère soeur, et imagine toi

ma chère soeur, de toutes tes forces, que tu le vois et l'entends, ma

soeur. Il est vrai que c'est difficile, car il est déjà 11 heures.

                                                   D'ailleurs, je crois et ne doute

pas du tout qu'il fait plus  clair le jour qu'à Pâques. Ma chère soeur,

demain, nous dinons chez M. v. Mayr, et sais-tu pourquoi ? Devine  : parce qu'il nous a invités. Demain, la répétition aura lieu au théâtre

mais l'imprésario Sigr Castiglioni m'a demandé de ne pas le dire,

car sinon,  tout le monde y viendrait, ce que nous ne voulons pas. Je te prie donc, mon enfant, de n'en parler à personne, mon enfant.  A  proposito, sais-

tu déjà l'histoire qui est arrivée ici ? Je veux maintenant te la raconter

Nous sommes partis de chez le Cte Firmian , aujourd'hui, et lorsque

nous sommes arrivés dans notre rue,

nous avons ouvert notre porte et que crois-tu qu'il se passa ?

Nous sommes entrés.  Adieu, mon petit poumon. Je t'embrasse, mon foie.

et reste, comme toujours, mon estomac, ton indigne frère Wolfgang.

 

S'il te plait, s'il te plait, ma chère soeur, ça me démange,  gratte-moi.

 

 

 

 

 

 

  Encore quelques mois à attendre...

 

  Le 13 mars  1773,  Léopold et Wofgang seront de retour à Salzbourg,  et ils ne retourneront jamais en Italie.

 

 

      

 

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 Chapitre suivant  :  Viva Maestro

 

                                                

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

  



11/09/2011

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