Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

DU 19e au dernier concerto

DU 19e au dernier concerto de Mozart 

 

                          Mozart était (parait-il, c'est ce que j'ai lu) ,  particulièrement attaché au Concerto en fa majeur N° 19, qu'il interpréta lui-même en concert. Si seulement nous avions pu l'entendre...

 

                         C'est une oeuvre virevoltante, pleine de prouesses techniques, aux trouvailles nombreuses et variées. Les envolées du dernier mouvement nous transportent comme une chevauchée au travers d'un film, cette impression venant peut-être du fait que bien des musiques de cinéma ont dû plus ou moins s'inspirer du lyrisme spontané de Mozart.  Le deuxième mouvement, rempli de tendresse et de douceur, me semble très expressif,   comme si le compositeur nous murmurait à l'oreille une confidence, peut-être ?

 

 

 

 

 

                           Et nous en arrivons maintenant aux derniers concertos, tous grandioses, écrits entre 1785 et la dernière année de Mozart, 1791. Ce sont les plus célèbres et les plus souvent interprétés.

 

                                           

                             

                                  

                       

                         Koechel 466  !  Le 20ème concerto en ré mineur, que Beethoven adorait entre tous, et qui l'inspira toute sa vie, porte au plus haut degré la beauté Mozartienne, la portée dramatique et émotionnelle d'une oeuvre orchestrale, au même titre qu'un opéra.

 

                        Oeuvre profonde, orageuse, qui a été considérée comme "un auto-portrait en notes". On est bien loin, alors, du Mozart prétendument léger et mondain ! Toute la complexité fiévreuse de l'homme qu'il était semble s'y révéler dans un style très romantique. Comme dans La Sonate et la Fantaisie en ut mineur, J.V Hocquard dira même que Mozart se révèle bien plus romantique que Beethoven ou Schumann.

 

                          Dès les premières notes, le tonnerre gronde sourdement. L'angoisse semble sans issue et toutes les échappées pour s'en délivrer tournent court. Le piano lui-même semble collaborer à cette détresse, il n'a plus aucun pouvoir apaisant.

 

                          La célèbre Romance en si bémol (que l'on entend à la fin du film "Amadeus" , semble apporter un peu de calme. Mais ce n'est qu'une apparence car soudain,un violent accord en sol mineur (tonalité dramatique entre toutes) nous replonge en plein désespoir.

 

                         Le Finale nous emporte avec la même fougue du premier mouvement. Juste avant la fin, une heureuse mélodie douce en fa semble nous délivrer enfin, et voilà Mozart qui virevolte, et chasse la tension trop forte dans une joie un peu moqueuse... Ce qu'il avait l'habitude de beaucoup faire dans l'existence !

 

 

 

                             Le Concerto N° 21 en ut majeur est le digne successeur du précédent. Beaucoup repris dans certains films ou feuilletons, le 2ème mouvement est, selon Messaien "une des plus belles pages de toute la musique". C'est en effet une mélodie qui n'est pas sans arracher des larmes d'émotion...

 

                            

 

                              Le premier mouvement est magique et son développement amené de façon prodigieuse. La part symphonique est grande mais le piano et l'orchestre n'ont que rarement le même discours. Le Finale a parfois été critiqué car il semble d'une folle gaieté après de telles profondeurs. Mais là encore, c'est le signe, chez Mozart, non pas d'une légéreté de pensée, mais bien d'une necessité de s'affranchir d'une trop grande tension par un effet inverse.

 

 

                                                

 

 

                             Le Concerto N° 22 en mi bémol majeur K482 est un chef-d'oeuvre intégral. Perfection de l'harmonie et de l'orchestration, tout semble écrit d'un seul jet et couler de source. L'allegro nous entraine dans une balade pleine d'allégresse dont on ressort revigoré. Le 2eme mouvement est au contraire méditatif, concentré. Et le finale est une succession de mélodies toutes plus chantantes les unes que les autres, avant que ne s'élève, sur la fin, une des plus émouvantes confidences de Mozart, des notes d'une grande tendresse qu'il reprendra dans l'opéra Cosi fan tutte.

 

                            Avec le Concerto N° 2Oen ré mineur, le 23 K 488 en la majeur est un des plus populaires concertos du compositeur. Beaucoup interprété, il a fait l'objet de nombreuses analyses musicales sur Radio Classic ou France Musique. L'interprétation là encore peut en donner une vision différente.

 

                          Le premier mouvement est un grand moment de la musique classique. C'est une synthèse de tous les éléments Mozartiens : richesse et complexité, virtuosité alliée à l'intime. Et voici le célèbre andante en fa dièse mineur, qui a donné lieu à bien des commentaires. D'une infinie tristesse, cette belle sicilienne pourrait bien être une méditation poignante sur la mort. Mais le désespoir semble trouver une issue vers la lumière divine, en gouttes d'or répétées du piano...

 

 

                           Ce concerto fit et fait encore de l'ombre à son successeur longtemps très injustement méconnu , absolument magnifique   :  le 24ème concerto en ut mineur,  plus difficile d'accès que le concerto en ré mineur, en a pourtant le tragique et la grandeur. Il mérite une attention soutenue de l'auditeur, qui en trouvera alors toute la magie d'une pensée Mozartienne parfois profonde jusqu'à l'austérité. C'est une oeuvre probablement initiatrice et franc-maçonnique. 

 

                            Le piano se révèle ici très assuré, il guide l'orchestre. La romance du larghetto, fort belle, fait intervenir les vents, anxieux, et le piano les réconforte. Le finale, complexe, est une suite de variations où se succèdent de nombreuses pensées orageuses avec un effet virevoltant soudain, danse délicate, puis retour des éclairs, vibrato orchestral tumultueux vers la fin qui a été considéré comme "le séisme du Dies Irae".

 

 

                       

                            Après de tels tourments existenciels, le concerto 25 en ut majeur appelé "Jupiter" paraitra bien conquérant, victorieux, et il n'est pas sans rappeler étonnamment notre Hymne français National ! La Marseillaise, également inspirée par Mozart ??

 

                             C'est cependant dans ce concerto là, que J.V. Hocquard, pur spécialiste de la musique Mozartienne, a trouvé selon lui "le plus beau passage de tout Mozart". C'est une musique qui survient de façon inopinée, au milieu du Rondo final. Après un accord en la mineur soudain inattendu et tragique, s'élève un chant d'une pureté extraordinaire, cela ne dure que quelques secondes, comme un bonheur divin entraperçu et aussitôt perdu. Olivier Messiaen écrit que "C'est la mélodie d'un ange qui nous transporte dans des régions interdites à l'homme".

 

06 Piano Concerto No. 25 in C major, K. 503_ Allegretto .wma

 

                           

                            Le 26ème concerto de Mozart, K 537, est appelé Concerto du Couronnement car il a été exécuté lors du couronnement de l'empereur Léopold II. .Mais il a en fait été composé avant le 25ème concerto...

 

                           Il est très agréable à écouter, virtuose, volontairement éblouissant. (Mozart cherchait à reconquérir un public  qui s'éloignait de plus en plus de sa musique, et de lui ) .  Mais le thème en la du larghetto reste confidentiel , et  très touchant... Olivier Messiaen l'a comparé à "un enfant racontant un conte de fées"....

 

 

            

                           C'est le 4 mars 1791, année de sa mort, que Mozart composa son tout dernier concerto, le 27ème , ou plutôt le 23ème en réalité.

 

                              Le K 595 en si majeur est donc une oeuvre émouvante à tous les titres. Ici, la virtuosité et les effets orchestraux du précédent concerto sont maintenant dépassés, inutiles.

 

                                Concerto intimiste, tout en pudeur et retenue, presque une oeuvre de musique de chambre... L'art accompli de l'harmonie, les modulations audacieuses ne sont perceptibles qu'au musicien aguerri. Les thèmes sont d'une grande pureté, et le piano se veut très limpide.

 

                                  Dans le larghetto, qui ressemble à une sonatine, la poésie coule à flots. Ici, on touche à l'intrinsèque de la pensée Mozartienne, c'est à dire une profondeur intense voilée sous une extrème délicatesse. Certains ont vu en cette oeuvre ultime un retour vers le passé, vers "l'esprit d'enfance"...

 

 

                                 Quand on sait que le compositeur qui l'écrivit se trouvait à quelques mois seulement de la mort qui l'emporta le 5 décembre 1791, ce concerto, qu'il soit de l'enfance retrouvée ou de la vie qui touche à sa fin , semble bien sonner comme un adieu.

 

           

 

 

                   

 

                  



03/04/2013