Wolfgang Mozart, Correspondance

Wolfgang Mozart, Correspondance

& DERNIER KÖCHEL...

 

 

 

 

 Extraits de l'aimé d'Isis,  de Christian Jacq

 

 

Vienne,  le  20 octobre 1791

 

 

   Le foehn soufflant avec violence,  la température remonta brusquement jusqu'à  18°C.  Heureux de sortir d'une rude période hivernale,  les Viennois envahirent les jardins publics.

   Sous un doux soleil d'automne,  Wolfgang et Constance se promenèrent dans les allées du Prater.

   Le teint pâle,  le regard terne,  le musicien fut obligé de s'asseoir sur un banc.

 

(Selon le témoignage de Constance,  à cette époque,  Mozart eut plusieurs malaises et évanouissements. Allait-il  si bien qu'il le montrait dans sa dernière lettre ?)

 

- La composition de ce Requiem t'épuise.  Ne devrais tu pas te reposer ?

- Je me détends en écrivant une nouvelle cantate maçonnique à laquelle j'attache une grande importance.   Ce  Requiem me prend toutes mes forces , tu as raison,  et j'éprouve les pires difficultés à progresser.

- Cela ne te ressemble guère  !

-  Il existe une explication,  mais j'hésite à te la donner.

- Parle, je t'en prie.

- Je compose ce Requiem pour moi-même.

 

  "Des larmes brillaient dans ses yeux en rajoutant  :  "Je n'en ai plus pour longtemps.  On m'a sûrement empoisonné avec de l'acqua-toffana  (un poison lent).  Je ne peux me défaire de cette idée... "

 

- Je prends deux décisions,  décréta Constance.  D'abord,  t'ôter la partition de ce maudit Requiem.  Ensuite, consulter un médecin...

 

 

 

 

 

Vienne,  le  6 novembre 1791

 

 

   Oubliant un temps exécrable,  le théâtre de Schikaneder donnait la 24ème représentation de La Flûte magique,  avec un égal succès.

   Le Requiem laissé de côté,  Mozart se consacrait à l'écriture de sa nouvelle cantate maçonnique.,  outrepassant l'interdiction d'écrire de la musique destinée aux Loges.

   Mais la pleine santé ne revenait pas,  et moins encore son dynamisme habituel.

 

 

 

 

 

Vienne,  le  12 novembre  1791

 

 

- Moi,  condamné  !  s'exclama Mozart en lisant le document officiel remis par le greffier.  C'est impossible  !

- Désolé,  le tribunal de Basse-Autriche a rendu son verdict définitif.  Vous devez verser au prince Karl von Lichnowsky la somme de 1435 florins et 32 kreutzers,  plus 24 florins de frais de justice.  Si vous ne pouvez pas payer immédiatement ,  votre salaire de musicien de la Chambre sera saisi à concurrence de la moitié de vos gains.  Et si vous entravez le cours de la justice,  vos biens seront mis sous séquestre.  Mes respects,  monsieur Mozart.

   Le musicien s'effondra dans un fauteuil.....

 

 

 

 

 

Vienne,   le  17 novembre  1791

 

 

   En se levant,  Wolfgang constata que le temps se dégradait à nouveau.  Gaukerl dormait sur un tapis,  et personne n'avait envie de sortir.  Mais ce soir serait inauguré le nouveau temple.  Le secrétaire avait envoyé des invitations,  et beaucoup se réjouissaient d'entendre la nouvelle cantate de Mozart. (cantate maçonnique,  K 623), que le compositeur dirigerait lui-même.

   Les espions de l'archevêque,  eux,  soulignaient  une fois encore la dangerosité du musicien.

   En s'habillant,  Wolfgang fut soudain pris d'une violente migraine et de douleureux maux d'estomac.

   Gaukerl se réveilla en sursaut et contempla son maitre avec des yeux inquiets.

- Je suis incapable de rester debout,  dit Wolfgang à Constance.

   Elle l'aida à s'allonger.  Il resta prostré,   les mains sur son ventre en feu.

- J'envoie chercher un médecin.

- Inutile.

   Les heures s'écoulant,  Wolfgang commença à rédiger une lettre d'excuses qui lui arracha presque des larmes.   Mais une sorte de miracle se produisit  :  à la nuit tombante,  la migraine disparut et les brûlures d'estomac s'apaisèrent.

- Je vais à ma Tenue,  décida t'il.

- Tu es si pâle  !

- Je me sens beaucoup mieux.

 

 

 

 

 Vienne,  le  19 novembre  1791

 

 

   En ce jour froid et maussade,  Mozart se rendit à la brasserie du  Serpent d'argent, où officiait Joseph Deiner,  alias Primus. Ce dernier raconta plus tard :

 

  

 

 "Mozart, trouvant dans la première salle plusieurs consommateurs étrangers, entra dans la salle suivante, plus petite, où il n'y avait que trois tables.

   Là, visiblement  fatigué, il  se jeta sur son siège et laissa tomber sa tête sur son bras droit replié.

   Il resta ainsi assis longtemps,  puis commanda au garçon de lui apporter du vin,  alors qu'il avait l'habitude de boire de la bière.  Lorsque le garçon lui eut apporté le vin, il demeura sans mouvement, sans même y toucher.  ll était extraordinairement pâle,  ses cheveux blonds poudrés étaient en désordre,  et sa petite queue nouée avec négligence.  Primus s'approcha...

 

- Comment allez-vous,   Joseph  ?

-  C'est plutôt à moi de vous le demander,  monsieur le maitre de musique,  car vous avez mauvaise mine et paraissez malade !  J'ai entendu dire que vous aviez été à Prague et que l'air de la Bohème ne vous a pas fait du bien. Cela se voit. Vous buvez du vin maintenant. C'est  ce qu'il vous faut, vous aurez sans doute bu tant de bière à Prague que vous vous êtes abimé l'estomac.

- Mon estomac est meilleur que tu le  crois, répondit Mozart, il y a longtemps que j'ai appris à tout digérer !  "

(Sans nul doute, une certaine amertume dans ses paroles, à prendre sûrement au sens figuré)...

- Je sens que ce sera bientôt fini pour moi de faire de la musique.. ajouta t'il.Je suis saisi d'un froid étrange que je ne peux m'expliquer. Deiner, buvez mon vin, et prenez ces 17 kreutzers. Venez demain matin chez moi. Voilà l'hiver et nous avons besoin de bois. Ma femme ira en acheter avec vous. Je vais me faire du feu aujourd'hui même."

Alors Mozart appela le garçon, lui mit une pièce d'argent dans la main, et partit.

Le patron Deiner s'assit dans la première salle avec le vin de Mozart et se dit en lui-même

"Un jeune homme comme lui, penser à la mort ! Il a bien le temps . Mais il ne faut pas que j'oublie le bois, car novembre est déjà très froid. "

Le lendemain matin à 7 heures, Deiner se rendit au 970 RAUHEINSTEINGASSE. Il frappa au premier étage, à la porte de l'appartement de Mozart. La servante lui dit qu'elle avait dû aller chercher le docteur pendant la nuit, car le Kapellmeister était très malade.

Mozart était couché dans un lit à couverture blanche qui était dans le coin de la chambre. Lorsqu'il entendit parler Deiner, il ouvrit les yeux et dit d'une voix à peine perceptible :

"Joseph, il n'y à rien à faire aujourd'hui : c'est juste "docteurs et apothicaires"

(allusion à l'opéra de  Dittersdorf)

 

                                   

 

            

 

 

 

 

 

 

Les derniers jours de Mozart

D'après "Mozart,  l'homme et l'artiste"

Documents authentiques

Paris.  Editions G.  Charpentier .  1881 .

Google,  documents d'archives.

 

 

                     

                                        

 

 

 

        

 

 

     En rentrant chez lui, (le 19 novembre donc, ou bien le 2O ? )  Mozart se trouva au plus mal.  Ses mains et ses pieds s'étaient mis soudain à enfler.  Il se sentit envahi par une sorte de paralysie qui rendait chaque mouvement douloureux,  et il fut obligé de se mettre au lit.

 

(Il fut également saisi de vomissements,  ce que ne précise pas le document,  et de violentes douleurs dans le ventre et les reins. Et toujours ces terribles maux de tête...  Le Docteur Closset pratiqua plusieurs saignées qui n'arrangèrent rien).

 

   Malgré de terribles douleurs,  il n'eut jamais que des expressions de tendresse pour sa femme et des paroles affectueuses pour sa jeune soeur Sophie.

 

   Il avait dans sa chambre un canari qu'il affectionnait,  mais qui était trop bruyant.  On avait plusieurs fois tenté d'enlever le petit oiseau,  mais Mozart résistait et tenait à le garder près de lui.  Il fallut pourtant s'en séparer.   Il s'y résigna,  suivant d'un regard humide la petite cage que l'on emportait .  Ce fut le premier ami auquel il fit ses éternels adieux.

 

   Cependant,  tout ce qui touchait à son art continuait à l'intéresser,  et jusqu'au dernier moment,  il voulut travailler à son Requiem.

 

   Tous les soirs aussi,  il s'informait si l'on jouait la Flûte Enchantée.  Il plaçait sa montre sous l'oreiller et suivait mentalement la représentation.  La veille de sa mort,  il dit qu'il aurait voulu entendre encore une fois son opéra...

 

   Le 4 décembre,  vers la fin du jour,  Sophie Weber,  qui avait dû s'absenter,  vint rejoindre son poste de garde-malade.  Mozart fut tout heureux de la revoir.

- Je suis bien content que tu sois là,  lui dit-il en prenant ses mains entre ses doigts décharnés.  Tu resteras près de moi cette nuit,  n'est-ce pas  ?  Car je veux que tu me vois mourir.

    Et comme la bonne Sophie cherchait à dissiper cette idée  :

- J'ai sur moi l'odeur de la mort,  dit-il.  J'en ai le goût sur la langue et sur les lèvres.

Et qui s'occupera de ma pauvre Constance si tu n'es pas là ?

 

     Sophie partit chercher un prêtre mais revint sans lui.  Elle trouva Mozart en train de donner des indications à Sussmayr pour le Requiem.

- Et bien Sophie,  dit-il,  ne t'avais-je pas dit que j'écrivais ce Requiem pour mes propres funérailles  ?

 

    Le Docteur Closset ,  qui ne put venir que très tard dans la soirée,  ordonna des compresses d'eau froide sur la tête.  Elles provoquèrent alors une violente commotion et jetèrent Mozart dans une prostration absolue.  Il eut quelques instants de délire,  puis s'affaissa.

 

     Vers minuit,  il eut un dernier réveil.  Il se dressa sur son séant,  ouvrit démesurément les yeux qui lancèrent un  ultime éclair.  Puis il reposa lentement sa tête sur l'oreiller,  et se tourna du côté du mur.  

    Peu à peu,  sa respiration s'affaiblit,  les battements du pouls se ralentirent... 

 

 

 

Christian Jacq écrit  :

 

   Constance tentait d'apaiser Carl Thomas,  conscient de la tragédie.

   Soudain,  Gaukerl émit un jappement de désespoir.

   Il était minuit cinquante-cinq,  le  5 décembre 1791

   Mozart venait de mourir.

 

 

 

 

 

 

 

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01/10/2011

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